En plein procès des « biens mal acquis », un avion équato-guinéen cloué au sol à Genève
Pour la deuxième fois en huit mois, un avion immatriculé en Guinée équatoriale est cloué au sol du fait d’un litige entre l’opérateur de téléphonie Orange et l’État équato-guinéen.
On pensait le litige entre l’opérateur Orange et la Guinée équatoriale clos. Il n’en est rien : mercredi, l’opérateur a fait immobiliser à l’aéroport de Genève-Cointrin un Boeing 737 immatriculé en Guinée équatoriale, obligeant la première dame équato-guinéenne, Constancia Mangue Nsue Oko, et des membres du gouvernement qui devaient l’emprunter, a un départ précipité à bord d’un second appareil, lui aussi présent à Genève. Le groupe continue de réclamer le paiement de l’amende, partiellement honorée, à laquelle l’État équato-guinéen avait été condamné en 2014.
Celle-ci s’élevait à 132 millions d’euros, par décision de la Chambre de commerce internationale de Paris, pour régler un contentieux datant de 2011. La somme correspond au rachat par l’État équato-guinéen des 40% de l’opérateur semi-public Getesa dont le français souhaitait se séparer — sans parvenir à exercer le droit de sortie dont il disposait.
Une amende − relevée à 150 millions d’euros avec les intérêts − que Malabo avait finalement choisi d’honorer en octobre 2016, sous la pression d’Orange. L’opérateur avait alors eu recours à une première immobilisation d’avion. Le 1er octobre, apprenant qu’un avion de la compagnie nationale Ceiba international devait se poser à Lyon, l’opérateur avait obtenu la saisie du Boeing par la justice française, provoquant un mini-incident diplomatique puisqu’il transportait le chef de l’État lui-même.
Malabo a changé d’avis
Alors pourquoi cette nouvelle immobilisation à Genève ? Selon les informations de Jeune Afrique, Malabo a payé une partie de sa créance à Orange (environ 40 millions d’euros) mais sa position a changé. Les résultats d’un audit tiers mandaté par Malabo auraient démontré que les opérations d’Orange ont été défavorables à la Guinée équatoriale, de quoi convaincre les autorités du pays de ne plus honorer l’accord passé avec Orange.
Dans un courrier daté de décembre – que la Tribune de Genève a pu consulter – Orange regrette que malgré un paiement symbolique suite à la saisie de l’avion à Lyon, Malabo n’ait rien déboursé par la suite. Le groupe insiste pour que l’État s’acquitte de deux factures, de 45 millions d’euros chacune.
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