Angola : le vice-président Manuel Vicente renvoyé en procès au Portugal pour corruption de magistrat

Le vice-président angolais Manuel Vicente a été renvoyé en procès par la justice portugaise mercredi 21 juin. Elle le soupçonne d’avoir versé des pots-de-vin à un procureur pour qu’il classe deux enquêtes le visant en 2012, selon une décision citée par l’agence de presse Lusa. Les enquêtes concernaient l’origine des fonds avec lesquels Manuel Vicente avait acheté un appartement de luxe dans la banlieue de Lisbonne et, d’éventuels fraudes fiscales et blanchiments de capitaux.

Manuel Vicente, lorsqu’il était vice-président à New Delhi, le 29 octobre 2015. © Saurabh Das/AP/SIPA

Manuel Vicente, lorsqu’il était vice-président à New Delhi, le 29 octobre 2015. © Saurabh Das/AP/SIPA

Publié le 22 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Le vice-président angolais Manuel Vicente, 61 ans, qui était président de la compagnie pétrolière angolaise Sonangol à l’époque des faits présumés, avait été accusé en février 2016 de corruption active, blanchiment d’argent et falsification de document, avait annoncé le parquet général.

Le tribunal d’instruction de Lisbonne a également ordonné le renvoi en procès de l’ancien procureur portugais Orlando Figueira, 55 ans, arrêté en février 2016 et actuellement assigné à résidence, en congé sans solde depuis septembre 2012, soupçonné d’avoir perçu de l’argent du vice-président angolais.

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Le procureur portugais est accusé de corruption passive

Orlando Figueira est accusé de corruption passive, blanchiment d’argent, violation du secret de l’enquête et falsification de document.

Les autorités portugaises ont saisi 512 000 euros placés au nom d’Orlando Figueira sur des comptes bancaires au Portugal et dans la principauté d’Andorre, a ajouté le ministère public.

Peu après l’arrestation du magistrat en 2016, Manuel Vicente avait nié toute implication dans cette affaire, affirmant n’avoir « absolument rien à voir avec un quelconque paiement ».

Le dirigeant angolais devait être informé de l’acte d’accusation par le biais d’une commission rogatoire adressée aux autorités angolaises, avait précisé le parquet en février.

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760 000 euros pour enterrer des affaires de fonds douteux, fraude fiscale et blanchiment

L’enquête classée par Orlando Figueira en janvier 2012 portait sur l’origine des fonds avec lesquels Manuel Vicente avait acheté un appartement de luxe dans la banlieue de Lisbonne. Et, en novembre 2013, la justice portugaise avait classé une autre enquête pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux concernant Manuel Vicente, dans laquelle il n’avait pas été mis en examen.

Selon la presse portugaise, le procureur aurait touché 760 000 euros pour enterrer les affaires impliquant le dirigeant angolais, dont, au moins, 200 000 euros de la part d’une filiale de Sonangol.

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Complices présumés, l’avocat portugais de Manuel Vicente, Paulo Amaral Blanco, et son représentant pour ses affaires au Portugal, Armindo Pires, avaient également été mis en accusation en 2016. L’avocat avait été mis en examen pour corruption active et son bureau avait fait l’objet d’une perquisition. « Nous n’avons rien à voir avec ce qu’a pu faire le procureur Orlando Figueira et nous espérons qu’il va tout clarifier », avait-il alors déclaré au quotidien Correio da Manha.

Un froid jeté sur les relations diplomatiques entre le Portugal et l’Angola

Des enquêtes ciblant plusieurs hauts responsables du régime de Luanda ont jeté un froid sur les relations diplomatiques entre le Portugal et l’Angola, une de ses anciennes colonies africaines.

Moins d’une semaine après la mise en accusation du vice-président angolais, la ministre portugaise de la Justice Francisca Van Dunem avait dû reporter en février une visite en Angola, « à la demande de Luanda ».

Manuel Vicente fut un temps considéré comme le dauphin du président José Eduardo dos Santos, qui règne sans partage sur l’Angola depuis 37 ans. Début février 2017, le chef de l’État a confirmé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat aux élections générales d’août, désignant l’actuel ministre de la Défense, Joao Lourenço, comme son successeur.

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