RDC : la menace d’une enquête internationale de l’ONU dans le Kasaï s’éloigne, Kinshasa respire

L’ONU ne devrait finalement pas lancer d’enquête internationale sur les tueries dans le Kasaï. Le projet de résolution qui doit être débattu vendredi à la 35e session du Conseil des droits de l’Homme, à Genève, n’en fait en tout cas pas mention.

Joseph Kabila, président de la RDC, le 29 juin 2010 à Kinshasa. © Olivier Pollet/AP/SIPA

Joseph Kabila, président de la RDC, le 29 juin 2010 à Kinshasa. © Olivier Pollet/AP/SIPA

Publié le 22 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

Finalement, après moult tractations, l‘ONU ne devrait pas lancer de mission d’enquête internationale sur les violences au Kasaï en RDC, selon un document confidentiel des Nations unies consulté jeudi 22 juin par Jeune Afrique, confirmant les informations de Belga et de RFI. Les discussions se poursuivent cependant à Genève, où se déroule le 35e Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qui doit débattre et voter une résolution sur la RDC, vendredi 23 juin. Laquelle prévoit entre autres « l’envoi d’une équipe d’experts, incluant des experts de la région, (…) pour l’établissement de faits et de circonstances au sujet des allégations d’abus et de violations des droits de l’homme et des lois internationales dans les provinces des Kasaï, en accord avec les pratiques et les standards internationaux et en assurant la protection de toutes les personnes coopérant avec l’équipe, mais aussi en coopération avec le gouvernement de la RDC, ce qui inclut la facilitation des visites et des accès au pays, aux sites et aux personnes concernées ».

Selon le projet de résolution, les experts « devront remettre leurs conclusions aux autorités judiciaires congolaises »,  et « le Haut Commissaire aux droits de l’homme devra présenter un rapport » dans un an au 38e Conseil des droits de l’Homme. Le groupe Afrique formé du Burundi, du Togo, du Botswana, du Soudan, du Mozambique, de l’Algérie et de l’Égypte semble donc avoir eu gain de cause. Il soutenait la position de Kinshasa face aux Européens qui plaidaient eux, comme le mouvement citoyen Lucha, pour la création d’une enquête internationale indépendante des autorités congolaises, ce que ces dernières refusaient catégoriquement pour des questions de souveraineté et de refus de toute ingérence étrangère. Le texte qui devrait être soumis au vote du Conseil vendredi devrait donc s’aligner sur les propositions des États africains.

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Un second échec pour Zeid Raad al-Hussein

Lors de la 34e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, en mars 2017, le Haut Commissaire Zeid Raad al-Hussein avait déjà lancé un appel à mener des investigations internationales sur les tueries qui se produisent depuis près d’un an dans les provinces jumelle du Kasaï. Proposition rejetée plusieurs fois par Kinshasa. « Nous n’avons pas changé de position : enquête internationale, oui, mais pas sans nous ! », insistait récemment Marie Ange Mushobekwa, ministre congolaise des Droits humains, dans une interview à Jeune Afrique.

Nous ne nous attendions pas à autre chose, réagit Lambert Mende

« Nous ne nous attendions pas à autre chose qu’au retrait de ce projet sur la création d’une mission d’enquête internationale en RDC », réagit quant à lui Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. « Certains pays qui voulaient remettre la RDC sous tutelle d’autres États ont été minoritaires alors que nous sommes un pays souverain. Nous sommes donc satisfaits d’avoir été également soutenu par la majorité des pays membres du conseil des Droits de l’Homme. »

Mercredi 21 juin, à Genève, un véritable duel avait pourtant opposé les représentant de la RDC au Haut commissaire Zeid Raad al-Hussein, à la tribune du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Lundi 19 juin, au cours d’un point de presse tenu par le ministre d’État congolais en charge de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, à Genève, Kinshasa avait même menacé de ne pas accorder l’accès à son territoire aux membres d’une éventuelle mission d’enquête indépendante. 

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Un bilan de près de 3 400 personnes tuées, selon l’Église catholique

M. Zeid avait déployé la semaine dernière une équipe de son bureau pour entendre les réfugiés du Kasaï dans les pays proches de la RDC. Après leurs conclusions, il avait accusé mardi des autorités congolaises (non identifiées) d’avoir armé une milice à l’origine d’attaques ethniques « horribles » dans cette province. Des centaines de civils des communautés Luba et Lulua auraient été tués, brûlés vifs ou mutilés.

L’Église catholique du Congo avait pour sa part publié mardi 20 juin une « note technique » sur la base d’informations rapportées par des paroissiens, faisant état d’un bilan de près de 3 400 personnes tuées depuis le début de la crise dans le Kasaï. Le même jour, Kinshasa présentait sa version des faits sur le phénomène Kamuina Nsapu dans un « Livre blanc », mais en se gardant bien de donner un chiffre quelconque sur le nombre des victimes.

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