Burundi : quand Bujumbura tente de justifier la pénurie d’essence

Hormis un petit répit actuel, le Burundi connaît depuis deux mois une sérieuse pénurie de carburant. Chaque autorité y va de son explication, jetant ainsi plus de flou que de clarté sur la situation.

Pierre Nkurunziza lors de sa prestation de serment au parlement de Bujumbura le 20 août 2015 © Gildas Ngingo/AP/SIPA

Pierre Nkurunziza lors de sa prestation de serment au parlement de Bujumbura le 20 août 2015 © Gildas Ngingo/AP/SIPA

Armel Bukeyeneza

Publié le 20 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

La plus récente des explications avancées n’est sans doute pas la plus sérieuse. « Le Burundi a connu ces derniers mois une pénurie de carburant parce que, entre autres, il a été utilisé en 2015 pour brûler les personnes et les pneus », a lâché vendredi 16 juin Jean Claude Karerwa Ndezako, porte-parole du président de la république, faisant allusion aux manifestations de 2015 pour protester contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Donnée pendant la conférence publique des porte-paroles des institutions publiques, l’explication a été jugée tantôt « légère », tantôt « irresponsable », et est critiquée même par certains membres du parti au pouvoir (voir le tweet ci-dessous).

Autre explication : « La pénurie du carburant est un effet causé par l’augmentation du parc automobile burundais à hauteur de 30% sur la période allant de 2015 à 2017 », explique la présidence, d’après l’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), dans son communiqué du 9 juin dernier.

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L’organisation égrène par la même occasion, une par une, les explications, aussi contradictoires que superficielles, avancées par différentes autorités, à l’instar de la déclaration du président de l’Assemblée nationale, en mai dernier, qui réduisait les causes de pénurie de carburant au retard enregistré lors du chargement des bateaux.

Des propos tenus quelques jours avant que le ministre de l’Énergie et des mines ne mette tout sur le dos des pétroliers qui joueraient les « spéculateurs ». Le même ministre, toujours selon l’Olucome, avait reconnu à l’Assemblée nationale, pendant la mi-avril, que le manque des devises était à la base du tarissement du carburant.

Un signal de plus

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C’est sans compter les paroles du directeur chargé des produits pétroliers au même ministère, qui a évoqué, rapporte l’Olucome, « une panne informatique à l’Office burundais des recettes qui a occasionné des retards dans les services de dédouanement », pour enfin parler d’« un problème de déchargement de carburant dans les entrepôts ».  

Toute une litanie d’« échappatoires », selon les commentaires distillés ici et là, en moins de deux mois, période pendant laquelle le Burundi a fait face à la pénurie. Une situation qui vient en tout cas compléter la longue liste des signaux économiques au rouge depuis que le Burundi est sous sanctions financières de l’Union européenne, prises quelques mois après le début de la crise d’avril 2015 née de la décision de Pierre Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat, jugé anti-constitutionnel et violant les Accords d’Arusha par l’opposition, la société civile et l’ensemble de la communauté internationale.

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