Tunisie : évacuation controversée dans l’ancien camp de demandeurs d’asile de Choucha

Une trentaine de demandeurs d’asile, qui vivaient toujours dans le camp de Choucha, dans le sud de la Tunisie, malgré sa fermeture en 2013, ont été évacués lundi 19 juin par les forces de l’ordre. Une décision vivement critiquée par des militants des droits de l’Homme.

Camp de Choucha dans le sud tunisien, en 2011. © Gaia Anderson/AP/SIPA

Camp de Choucha dans le sud tunisien, en 2011. © Gaia Anderson/AP/SIPA

Publié le 20 juin 2017 Lecture : 2 minutes.

Ce camp proche de la frontière libyenne, dans le sud de la Tunisie, avait été ouvert en 2011 pendant la guerre en Libye et a accueilli jusqu’à 18 000 personnes au pic de la crise.

Il a été fermé en 2013 par le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) alors que des centaines de ses occupants attendaient d’être réinstallés dans des pays tiers. Une partie a pu quitter la Tunisie, une autre s’est vue proposer des solutions en « zone urbaine » dans le pays. Mais quelques dizaines de personnes sont restées sur place, en réclamant la révision du rejet de leurs demandes d’asile.

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« Une nécessité pour la sécurité du pays », selon le gouvernement

« Trente (personnes) ont été évacuées lundi », a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère tunisien de la Défense, Belhassen Oueslati. Le Croissant-Rouge tunisien a de son côté évoqué 40 personnes venant pour la plupart d’Afrique subsaharienne, « délogées » et devant être installées dans un centre d’accueil à Médenine, dans le sud du pays.

Des témoins ont indiqué à l’AFP que les forces de l’ordre s’étaient rendues tôt lundi au camp de Choucha et avaient demandé à ses occupants de partir, avant de démolir tentes et cabanes à l’aide d’engins.

Une source ministérielle a dit à l’AFP sous le couvert de l’anonymat qu’il s’agissait d’ »une nécessité pour la sécurité du pays, puisque des occupants de ce camp ont effectué des déplacements suspects en Libye ».

« Parmi les 37 personnes évacuées de force hier de l’ancien camp de Choucha, seulement quatre sont des réfugiés officiellement reconnus tandis que les autres sont des migrants illégaux », affirme quant-à lui, ce mardi 20 juin, le représentant du HCR en Tunisie, Mazin Abu Shanab.

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« Nous nous sommes concertés avec le gouvernement pour apporter l’aide nécessaire à ces quatre personnes dont le statut de réfugié est reconnu par l’État tunisien et le HCR », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse à Tunis organisée à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.

« Pour les migrants illégaux, nous sommes malheureusement dans l’incapacité de les assister car notre organisation ne vient en aide qu’aux réfugiés », a-t-il insisté. « C’est à l’Organisation internationale pour les migrations et au gouvernement de les prendre en charge. »

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Une « évacuation par la force », dénonce la FTDES

Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG tunisienne, a dénoncé cette « évacuation par la force », en « l’absence de dialogue avec les réfugiés ».

D’autant qu’elle s’est faite la veille de la Journée mondiale des réfugiés « consacrée à la sensibilisation sur les problèmes et la souffrance des réfugiés et à l’examen des moyens de leur venir en aide ».

Depuis la fermeture du camp, ses derniers résidents ont fait « face à de multiples violations », comme des coupures d’eau et d’électricité, a dit le FTDES, en demandant au HCR, à la Tunisie mais aussi « aux pays européens qui sont intervenus dans la guerre en Libye d’assumer leurs responsabilités ».

Ces personnes « refusent de s’installer en Tunisie (où il n’y a pas de législation sur l’asile, ndlr) vu la situation socio-économique difficile dans le pays et veulent aller en Europe », a dit à l’AFP Romdhane Ben Amor, du FTDES.

Au total, la Tunisie a accueilli sur son territoire plus de 300 000 réfugiés fuyant le conflit en Libye, dont de nombreux travailleurs étrangers.

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