Nord du Mali : Ag Gamou et Ag Acharatoumane en visite de travail à Paris

Moussa Ag Acharatoumane et le général El Hadj Ag Gamou, qui travaillent main dans la main dans la région de Ménaka, dans l’est, ont rencontré à Paris des représentants de la force Barkhane pour demander une coopération plus étroite.

Des soldats français sécurisent une zone près de Gao, au Mali, en 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des soldats français sécurisent une zone près de Gao, au Mali, en 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 24 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Moussa Ag Acharatoumane et le général El Hadj Ag Gamou viennent de rentrer, mardi 23 mai, d’une visite de travail de plus de dix jours à Paris, accompagnés d’un membre influent de la tribu des Kel Ansar, et d’Alhamadou Ag Ilyene, ambassadeur du Mali à Niamey. « Ils ont rencontré des militaires français, des représentants de la force Barkhane et du groupement des forces spéciales Sabre, mais aussi quelques hommes politiques », nous explique un jeune « facilitateur » malien qui les a accompagné durant leur voyage.

En septembre 2016, Ag Gamou, actuel dirigeant du Conseil Supérieur des Imghads et Alliés, loyal à Bamako, fondateur du Gatia qui a férocement combattu les indépendantistes et Ag Achartoumane, un des fondateurs du principal mouvement touareg favorable à l’indépendance, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), puis du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), avaient annoncé l’organisation de patrouilles mixtes pour sécuriser la région de Ménaka, sur le modèle des patrouilles mixtes prévues par les Accords d’Alger. C’est dans cette région qu’est actif Adnane Abou Walid Al Sahraoui, jihadiste sahraoui qui a prêté allégeance à l’État islamique en 2015.

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Réels engagements de collaboration

« Toujours plus de monde voit l’intérêt et le bien fondé de nos patrouilles, bien que nous n’en ayons pas pris l’ordre auprès du Comité de suivi des accords d’Alger », nous explique Ag Acharatoumane. Selon un Français qui a rencontré la délégation, « même Moussa Mara, l’ancien Premier ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta, de passage à Paris au même moment pour d’autres affaires, a trouvé pertinente leur démarche ». La collaboration entre les deux forces et les autorités maliennes sur le terrain serait, à en croire les deux émissaires, idoine. Aujourd’hui, Ag Gamou et Ag Acharatoumane aimeraient renforcer leur coopération avec les autres forces en présence dans le nord du Mali, notamment les signataires des accords d’Alger.

Les deux visiteurs, qui « déploraient le manque d’écoute de Barkhane », sont repartis « tout à fait satisfaits »

La visite, rythmée par de multiples rencontres, a aussi été l’occasion pour Ag Gamou « de dissiper quelques rumeurs à son sujet, selon lesquelles il est impliqué dans des batailles d’influence inter-tribales », nous dit encore leur accompagnateur. Les deux visiteurs, qui « déploraient le manque d’écoute de Barkhane », sont repartis « tout à fait satisfaits » avec « de réels engagements de collaboration sur le terrain. Il en va de la sécurité de toute la région ».

Pour Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), qui a rencontré la délégation, il s’agit d’un tournant positif. « L’expérience de mise en place effective de patrouilles mixtes est un laboratoire qui devrait être pris en compte sur le plan politique. Les deux hommes suivent de manière autonome l’esprit des accords de paix, se montrent inclusifs et c’est un revirement tout à fait intéressant », conclut-il.

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