Étienne Tshisekedi : R. I. Polémique

En permettant enfin l’inhumation d’Étienne Tshisekedi dans son Congo natal, la classe politique ferait preuve de respect envers le défunt. Combien de temps le rapatriement de la dépouille fera-t-il l’objet d’un marchandage indigne ?

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

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Publié le 18 mai 2017 Lecture : 2 minutes.

Quel point commun et quelle différence y a-t-il entre Vladimir Ilitch Lénine et Étienne Tshisekedi wa Mulumba ? Les dépouilles de ces deux montres sacrés du XXe siècle n’ont pas encore été inhumées. Le corps du révolutionnaire russe est embaumé et exposé au public, depuis 1924, dans un mausolée en marbre. Quant à l’enveloppe charnelle de l’opposant historique du Zaïre, elle n’a pas encore été rapatriée d’une morgue bruxelloise, alors que le décès est survenu le 1er février dernier. La différence entre le « guide du prolétariat mondial » et le « Sphinx de Limete », c’est que la famille biologique du second souhaite offrir à son célèbre parent une inhumation digne de ce nom. Or, en République démocratique du Congo, un défunt est généralement enterré dans les jours qui suivent le décès et le deuil est levé après une quarantaine de jours…

Manque de respect

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Le 9 mai dernier, le parti politique de l’opposant historique (l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS) annonçait que le rapatriement de la dépouille était reporté, une nouvelle fois, « à une date ultérieure ». Un certain agacement est perceptible au cœur d’une population congolaise qui vit ces atermoiements comme un manque de respect envers celui qui incarna si longtemps l’opposition congolaise.

En début de semaine, c’est une autorité coutumière qui mettait le doigt là où ça fait mal, en évoquant, en filigrane, les responsabilités politiques dans le transit interminable du corps de Ya Tshitshi. Sa Majesté Lemba Lemba Kela Katua, chef de Bakwa Kalongi dans le territoire de Kabeya Kamwanga, demandait au président Kabila et à l’UDPS de collaborer sur ce point, par « compassion à l’égard de la veuve et des orphelins d’Étienne Tshisekedi, pour une organisation paisible des funérailles de l’opposant historique ».

Prise en otage politicienne

L’UDPS et le gouvernement ne parviennent pas à se mettre d’accord sur le lieu d’inhumation, les uns émettant le souhait de l’enterrer au siège du parti et les autres évoquant une non-conformité « à la loi sur la sépulture en RDC », dans son article qui proscrit tout enterrement à moins de 50 mètres d’une habitation. Le cadavre n’est-il pas tout bonnement pris en otage par les interminables chamailleries politiciennes ?

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Dès février, alors que les acteurs politiques peinaient à programmer un processus électoral toujours en panne, le ministre des médias Lambert Mende considérait comme indécente l’idée de revenir à la table des négociations complémentaires avant la fin des funérailles, Tshisekedi ayant été président du Conseil national de suivi de la transition politique (CNSA). Le deuil a bon dos, lorsqu’il est invoqué par les adversaires du disparu et dans un but que ce dernier n’aurait pas cautionné : le surplace politique.

Si « les morts ne sont pas morts », comme semble le démontrer la débauche de commentaires sur le vingtième anniversaire de la chute du maréchal Mobutu, les défunts devraient être autorisés à exister davantage dans les esprits que dans une morgue de transit.

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