Le Ghana ambitionne de rendre l’éducation secondaire gratuite

Le Ghana se prépare à rendre l’éducation gratuite pour tous les adolescents, quelle que soit leur origine sociale, une réforme qui pourrait changer la vie de millions de jeunes, particulièrement des filles, encore trop peu scolarisées.

Le président du Ghana Nana Akufo-Addo prête serment lors de son investiture le 7 janvier 2017 à Accra. © Cristina Aldehuela/AFP

Le président du Ghana Nana Akufo-Addo prête serment lors de son investiture le 7 janvier 2017 à Accra. © Cristina Aldehuela/AFP

Publié le 29 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Le président Nana Akufo-Addo en avait fait la promesse dans la dernière ligne droite de la campagne électorale qui l’a porté au pouvoir en décembre.

Aujourd’hui, l’accès à l’enseignement secondaire dépend d’un examen d’entrée, du nombre de places disponibles mais, surtout, de la capacité des parents à pouvoir payer les frais de scolarité.

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Le mois dernier, le président Akufo-Addo a insisté sur cette réforme, assurant qu’elle permettrait que de « plus en plus de filles aient accès à une éducation de qualité et accélèrerait le développement du pays ».

« Une excellente éducation pour les filles est essentielle si nous voulons rayer la pauvreté, l’ignorance, la maladie de notre pays et le mettre sur le chemin de la prospérité », a-t-il ajouté.

Pour l’instant, 400 millions de Cedis (88 millions d’euros) ont été alloués au budget 2017 pour ce projet, notamment pour ouvrir d’autres écoles aux nouveaux candidats.

Selon un rapport des Nations unies de 2015, au Ghana, les filles passent en moyenne 5,8 ans à l’école, soit deux ans de moins que les garçons, avec 7,9 ans.

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Ces chiffres restent plus élevés que dans le reste de l’Afrique sub-saharienne (4,5 ans pour les filles et 6,3 pour les garçons) mais bien en dessous de la moyenne mondiale (7,7 et 8,8).

Près de 85% des enfants ghanéens sont scolarisés en primaire mais seulement 44,4% des filles dans le secondaire et 48% des garçons, selon des chiffres de l’Unicef pour les années 2008 à 2012.

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Nouvelle génération 

Camfed (Campaign for Female Education), une ONG basée à Accra, a sponsorisé l’éducation secondaire de près 70.000 adolescentes. Selon sa directrice, Dolores Dickson, « chaque jeune fille qui est allée à l’école réinvestit dans la famille, paie pour les soins de santé et les frais de scolarité de ses frères et soeurs ».

Une étude de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, estime que si tous les moins de 15 ans avaient un niveau d’éducation de base, le PIB pourrait augmenter de 3 points grâce à leur « contribution aux revenus de la famille ».

L’OCDE note aussi qu’une éducation des plus jeunes endiguerait fortement les grossesses précoces et le taux de mortalité en couche.

Le Ghana est la deuxième économique d’Afrique de l’ouest (derrière le Nigeria) et les politiques successives ont fait de grands efforts sur le développement humain. Entre 1992 et 2013, le pays a réduit de moitié le nombre de ses habitants vivant sous les seuils de pauvreté – de 50 à 25%.

Pour Raymond Osei, père d’une adolescente de 13 ans, l’éducation de sa fille ne fait pas débat. Elle doit aller à l’école, même pour 350 euros par an.

Lui-même est banquier mais il reconnaît que les coûts de scolarité représentent un grand « repoussoir » pour les plus pauvres.

« Leurs enfants doivent abandonner car ils n’ont pas assez d’argent pour payer l’école », regrette-t-il.

La réforme, si elle est appliquée selon le programme du président Akufo-Addo, serait une « opportunité fantastique pour cette génération ».

« Si ça marche, cela voudra dire que, peu importe qui tu es ou d’où tu viens, l’éducation n’est plus un défi, ce n’est plus une barrière. Nous connaissons le pouvoir de l’éducation », se réjouit Mme Dickson de Camfed.

Pour Prince Armah, consultant sur les questions de l’éducation, l’initiative du gouvernement est bonne mais envoyer tous les enfants à l’école ne règlera pas les différences de niveau entres les régions.

« Les régions les plus pauvres, particulièrement dans le nord, ont des résultats terriblement bas pour les examens d’entrée au lycée », note l’expert.

Selon les chiffres du ministère de l’Éducation de 2015, les districts les plus riches du pays ont enregistré un taux de réussite de 25%. Les plus pauvres n’ont atteint que les 12%.

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