Législatives en Algérie : le spectre de l’abstention inquiète les autorités

Un autre mode de contestation politique est en train de gagner la rue algérienne : l’abstention aux élections. Une hantise pour le gouvernement, alors que les législatives approchent à grands pas.

Dans une rue d’Alger, en Algérie, en mars 2011. © Omar Sefouane pour JA

Dans une rue d’Alger, en Algérie, en mars 2011. © Omar Sefouane pour JA

Publié le 26 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

À quelques jours des législatives du 4 mai, c’est l’indifférence à Alger. Les rues de la capitale sont bardées de pancartes appelant les électeurs à faire entendre leur voix mais Lakhdar, 64 ans, dit qu’il n’ira pas voter. « Il n’y a plus d’opposition », tranche-t-il. « Avant, on avait le Front des forces socialistes (FFS) mais depuis la mort de Hocine Aït Ahmed, je n’y crois plus. »

« Celui qui veut abandonner son droit au vote est libre de le faire. Mais, il ne doit imposer son choix aux Algériens en les poussant au doute et au désespoir », déclarait récemment le premier ministre Abdelmalek Sellal au sujet d’éventuels boycotteurs du prochain scrutin. Lorsqu’on lui en parle, Areski, un jeune rencontré au centre ville, répond que « chacun est libre de faire ce qu’il veut ». Lui non plus n’ira pas voter.

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Abstention record à prévoir

Pour le politologue Hasni Abidi, « l’abstention de l’Algérien est un comportement politique sain. C’est une position politique, une attitude », estime le directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam). Il ajoute que « tous les indicateurs plaident en faveur d’un record en terme d’abstention, par rapport au taux déjà très élevé enregistré lors des élections précédentes ». En 2012, la participation avait difficilement atteint 42,9%.

« Le grand paradoxe en Algérie, c’est que lorsque l’on avait un régime de parti unique du FLN, l’abstention était très faible. Mais depuis le multipartisme et l’installation durable du président Bouteflika, le taux d’abstention est devenu très élevé. Finalement, les Algériens ne croient plus dans le processus politique », analyse Hasni Abidi.

« Au moment où le pays traverse une situation critique sur le plan économique, politique et sécuritaire, les Algériens ne se mobilisent pas pour élire un parlement, ni un gouvernement qui répondra à ces défis », fait-il remarquer.

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Les Algériens de France déçus

En France, ce sont les associations qui se désengagent et expliquent qu’elles n’appelleront pas leurs membres à voter. En cause ? Le ressentiment persistant à l’égard des députés qui ont voté pour l’article 51 de la Constitution interdisant aux binationaux de postuler pour la haute fonction publique, d’après Otman Douidi, vice-président de l’association Diaspora des Algériens résidant à l’étranger (Dare).

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Le pouvoir devra composer

Alors comment légitimer un scrutin qui pourrait être marqué par une forte abstention ? « Le pouvoir nous a habitué à ne jamais avoir de plan B ou d’alternatives. Il va plutôt composer avec ce qui va sortir », répond Hasni Abidi. 

« Si le pouvoir respecte les résultats, je pense qu’il évoquera les conditions politiques, économiques et les voix qui ont appelé au boycott », en indiquant qu’elles ont « parasité le processus électoral et favorisé un taux d’abstention élevé ».

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