À Alger, deux femmes de gauche réveillent la campagne des législatives

Dans la capitale algérienne, les principales têtes de liste sont des visages connus de la scène politique nationale et des frondeurs qui ne craignent pas d’épingler le bilan du FLN. Parmi les candidats, deux femmes se montrent particulièrement vindicatives.

Une femme passe devant une affiche pour les élections législatives, le 2 mars 2017 à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

Une femme passe devant une affiche pour les élections législatives, le 2 mars 2017 à Alger. © Anis Belghoul/AP/SIPA

CRETOIS Jules

Publié le 25 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Toutes deux avancent avec un programme et un discours aux airs de feuilles de route pour l’opposition. Salima Ghezali, du Front des forces socialistes (FFS), et Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs (PT), têtes de liste à Alger, réveillent la campagne des législatives.

Deux femmes, deux militantes, deux opposantes de longue date… Salima Ghezali a été directrice du journal La Nation. En 1997, elle était déjà reconnue à l’international pour son engagement et recevait le célèbre prix Sakharov des droits de l’Homme. Louisa Hanoune est connue pour faire partie des rares femmes dans le monde arabe à s’être déjà présentées à une élection présidentielle, en 2004. Les sujets sociaux n’étant pas son seul cheval  de bataille, elle a promis que, députée, elle se battrait pour une reconnaissance pleine et entière et une promotion de la langue et de la culture amazigh. Un sujet que le FFS maîtrise bien.

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La bataille d’Alger

Et Hanoune de pointer directement du doigt les méthodes du Front de libération nationale (FLN) dans cette campagne électorale. Ghezali n’est pas en reste : elle n’a pas hésité à préciser qu’elle s’opposait à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

Entre les deux femmes, la campagne algéroise est donc particulièrement chaude et se déroule sous le signe de la combativité. Le symbole, par ailleurs, est fort : la majorité des partis algériens ne présente que très peu de femmes et le début de la campagne a été marqué par la polémique des « candidates sans visage », référence faite à ces femmes dont le visage a été effacé sur les affiches électorales. Une pratique contre laquelle les autorités ont pris position. Le PT et le FFS font, sur ce chapitre, figure d’exception.

L’islamiste et le berbériste montrent les muscles

Mais les deux femmes ne sont pas les seules à montrer les muscles à Alger. L’ancien ministre islamiste Abdelmadjid Menasra, co-fondateur du Front du changement (FC), qui se présente au nom de l’union islamiste entre le FC et le Mouvement de la société pour la paix (MSP), joue aussi sur un ton d’opposition et assure que son camp peut emporter environ un tiers des sièges à l’Assemblée. Il accuse les partis au pouvoir d’exploiter la question sécuritaire à des fins électorales, le Parlement de tentations hégémoniques et la classe politique de sombrer dans la corruption. Et en appelle au vote sanction.

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Le conservateur ne peut pas se permettre un langage timoré : à Alger, ce sont les polémistes et les tribuns qui s’imposent. En effet, en dehors des deux visages féminins de la gauche, l’autre challenger de Menasra dans la capitale n’est autre que le charismatique Mohcine Bellabas, patron du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Celui-ci est déjà assuré de s’arroger une belle part des voix dans un électorat sensible à la question kabyle et s’est adjugé une popularité certaine sur les réseaux sociaux en montant au front avec un langage belliqueux à l’adresse d’une élite politique qu’il accuse à demi-mot d’être éradicatrice. Paradoxe : c’est peut-être parce qu’il ne cache pas son scepticisme vis-à-vis du jeu électoral que le candidat du RCD, qui avait boycotté les élections en 2012 et semblait encore favorable au boycott des élections de 2017, qu’il peut aussi toucher une partie de l’électorat algérois.

Des partis de gouvernement sereins mais peu audibles

Dans ce cadre, le candidat du Rassemblement national démocratique (RND), Seddik Chiheb, semble moins entendu. L’homme parcourt aussi la capitale, mais semble moins présent, tant sur les réseaux sociaux que dans la presse nationale et internationale. Sid Ahmed Ferroukhi, le candidat FLN, ex-ministre de l’Agriculture et du Développement rural et de la Pêche, très libéral enfant de la capitale, à l’aise avec les bains de foule, de son côté, semble très confiant dans les capacités de son parti à remporter pas loin de la moitié des sièges algérois. Et l’ancien ministre d’assurer que la continuité, avec le FLN est le meilleur moyen de voir se concrétiser différents programmes pensés ces dernières années. Les deux candidats parlent beaucoup de sécurité, de défense des institutions et de stabilité, mais ne négligent pas de parler « social » aux algérois. Le coût de la vie, le logement social semblent en effet se trouver au cœur des préoccupations des habitants de la capitale.

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