Football : Fabrice Ondoa a « privilégié le Cameroun et l’assume »

Considéré comme un des meilleurs gardiens de sa génération, le Camerounais Fabrice Ondoa, champion d’Afrique au Gabon avec les Lions Indomptables, ne manie pas la langue de bois. Il le prouve, en évoquant les derniers problèmes qui ont secoué la tanière, mais aussi sa situation à l’Atlético Séville.

Le Camerounais Fabrice Ondoa, âgé de 21 ans, joue actuellement en Espagne. © Antonio Calanni/Sunday Alamba/AP/SIPA

Le Camerounais Fabrice Ondoa, âgé de 21 ans, joue actuellement en Espagne. © Antonio Calanni/Sunday Alamba/AP/SIPA

Alexis Billebault

Publié le 18 avril 2017 Lecture : 3 minutes.

Après le match amical perdu face à la Guinée fin mars, Hugo Broos, le sélectionneur du Cameroun, avait fustigé les problèmes d’organisation, et l’attitude de certains membres de la fédération…

Fabrice Ondoa : Vous savez, le Cameroun a toujours connu des problèmes au niveau de l’organisation. Et ce sera sans doute toujours ainsi. Moi, je ne cherche même plus à comprendre. Avant ce match, on est descendus pour déjeuner dans la salle de restaurant de notre hôtel, et on nous a dit qu’on ne pouvait pas le faire, car tout n’avait pas été payé. Je suis remonté dans ma chambre, et on a dû attendre 15 ou 16 heures – le match avait lieu à 19 heures – pour pouvoir avaler quelque chose… Depuis que je suis en sélection (2014), il y a régulièrement des problèmes. On vient jouer pour notre pays, car on sait que quand l’équipe gagne, le Cameroun va mieux.

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Hugo Broos a-t-il eu raison de s’exprimer ainsi ?

Mais oui ! Il a eu raison de parler. Le coach, c’est quelqu’un de calme et de patient, mais là, c’était trop. Nous sommes des professionnels, nous demandons juste un peu de respect et de considération. On fait notre boulot, mais à un moment, c’est fatiguant…

Tu joues pour ton pays, et en retour, tu t’attends à ce que tout soit bien organisé, afin que tu puisses te concentrer sur le terrain. Mais non ! Tu sais, quand tu viens en sélection, que tu sera déçu par certaines attitudes. Il y a des gens qui travaillent bien au sein de la fédération, et d’autres qui le font très mal… J’espère que ce qu’a dit le sélectionneur va faire bouger les choses.

La CAN est terminée depuis plus de deux mois, et désormais, le Cameroun va devoir essayer de se qualifier pour la Coupe du Monde 2018. Avec deux points en deux matchs, êtes-vous malgré tout optimiste ?

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Bien sûr. Il faudra prendre six points face au Nigeria, en août et en septembre. Vous savez, on a gagné la CAN alors que personne ne misait sur nous. Les Camerounais ont une force mentale extraordinaire. Avant cette CAN, on avait fait de bons résultats. L’équipe montait en puissance, mais les gens s’arrêtaient sur notre match nul contre la Zambie (1-1) en novembre. On a gagné cette CAN grâce à la continuité de ce qui avait été fait depuis plusieurs mois.

Maintenant, on va devoir montrer que nous sommes le Cameroun, lors des quatre derniers matchs qualificatifs pour la Coupe du Monde. Mais d’ici là, nous allons disputer la Coupe des Confédérations, en juin en Russie. Et nous avons bien l’intention de justifier notre titre.

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Votre situation personnelle est paradoxale : vous ne jouez quasiment jamais avec votre club, l’Atlético Séville, qui évolue en ligue 2, mais vous êtes le gardien titulaire du Cameroun. Cela peut-il durer ?

J’ai été formé au FC Barcelone, puis transféré à Tarragone (ligue 2 espagnole), et cette saison, je suis prêté à Séville. J’ai toujours voulu porter le maillot de mon pays, j’ai donc privilégié le Cameroun. J’assume mon choix de quitter mon club pour les matchs internationaux. Ce choix, je l’ai fait en 2014 et je ne le regrette pas.

Cette saison, je n’ai joué qu’un match, après la CAN, contre Saragosse (2-1). J’ai fait une grosse performance, même si j’ai été expulsé. Je ne joue plus depuis, et je ne peux pas continuer ainsi. Barcelone et Séville ont une option d’achat, car j’ai un contrat avec Tarragone jusqu’en juin 2019, mais je crois que le moment est venu de bouger. J’ai besoin de jouer.

J’attendais un peu plus de considération de la part de Séville, depuis mon titre avec le Cameroun. J’ai été élu meilleur gardien de la CAN, je n’ai pas pris la grosse tête, mais je pense que je pourrais avoir ma chance. Je vais voir si ce n’est pas mieux d’essayer d’aller en France, en Belgique, en Angleterre ou en Italie.

Vous êtes issu de la Fundesport, la fondation créée par Samuel Eto’o. Êtes-vous en contact régulier avec lui ?

Oui, très souvent.  Il connaît ma situation. Il me dit d’être patient, de continuer à travailler, que les choses vont changer. Il me rappelle que lui aussi, quand il était jeune, a connu des galères en Espagne… Je suis également en contact avec Thomas Nkono, l’ancien gardien des Lions (entraîneur des gardiens de l’Espanyol de Barcelone, NDLR). C’est mon idole. Il me conseille, me parle beaucoup. J’ai de la chance d’être aussi bien entouré…

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