Sénégal : à Dakar, « Y’en a marre » réunit les opposants à Macky Sall

Quatre mois avant les législatives du 30 juillet, le mouvement citoyen « Y’en a marre », qui avait soutenu Macky Sall lors de la présidentielle de 2012, a organisé vendredi un rassemblement dans la capitale pour critiquer le président et le pouvoir en place.

Des manifestants au rassemblement de « Y’en a marre », le 7 avril à Dakar. © Benjamin Roger/Jeune Afrique

Des manifestants au rassemblement de « Y’en a marre », le 7 avril à Dakar. © Benjamin Roger/Jeune Afrique

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Publié le 8 avril 2017 Lecture : 2 minutes.

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Ils avaient fait le pari de mobiliser un million de personnes. Ils en étaient très loin, mais les activistes de « Y’en a marre » ont tout de même réuni quelques milliers de manifestants en fin de journée, vendredi 7 avril, sur la place de la Nation, à Dakar, pour témoigner leur mécontentement contre le régime de Macky Sall.

À quatre mois des élections législatives, qui auront lieu le 30 juillet, ce rassemblement faisait figure de test pour le mouvement citoyen, dont les capacités de mobilisation étaient mises en doute par le camp présidentiel ces derniers jours. Finalement autorisé jeudi par les autorités, il s’est déroulé dans une ambiance bon enfant et a démontré que les « Y’en a marristes » étaient encore en mesure de rassembler du monde – même si l’affluence était bien moindre que celle recensée pendant les manifestations contre Abdoulaye Wade, lors de la campagne présidentielle de 2012.

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Critiques acerbes

Ce meeting est surtout un nouveau signe fort du divorce consommé entre « Y’en a marre » et Macky Sall, après leur alliance face à Wade en 2012. Les responsables du mouvement citoyen, à commencer par le journaliste Fadel Barro ou les rappeurs Thiat, Kilifeu, et Fou Malade, n’ont plus de mots assez durs pour critiquer le chef de l’État, auquel ils reprochent de n’avoir tenu aucun de ses engagements.

« Le Sénégal est une démocratie majeure. Il faut donc que les citoyens, mais surtout ceux qui dirigent nos institutions, soient à la hauteur de cette démocratie », avait martelé Fadel Barro la veille du rassemblement, appelant ses compatriotes à venir habillés en noir le lendemain, pour « montrer qu’il y a beaucoup de zones d’ombre à éclaircir dans ce régime ».

« Trop, c’est trop »

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Sur la place de la Nation, beaucoup avaient respecté cette consigne, ainsi que celle de venir avec un drapeau sénégalais. Plusieurs arboraient aussi des tee-shirts floqués de l’expression « Lu ëppe tuuru » (« Trop, c’est trop », en wolof). Pendant près de trois heures, les intervenants se sont succédé à la tribune, avec de nombreuses revendications politiques et sociales, allant de la lutte contre la précarité à celle contre les OGM.

Se présentant comme les « Indignés du Sénégal », les organisateurs ont affirmé qu’il ne s’agissait pas « d’un meeting politique, mais d’un appel citoyen ». Plusieurs cadres de différents partis d’opposition se sont toutefois exprimé, à l’image de Babacar Gaye, le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (PDS), qui a notamment déclaré que Karim Wade l’avait chargé de transmettre « tout son soutien » et « tous ses encouragements » à « Y’en a marre ».

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Les supporters de Khalifa Sall

Différents orateurs ont aussi dénoncé « l’instrumentalisation de la justice » par Macky Sall, accusé de museler ses opposants avec l’appareil judiciaire. Les soutiens de Khalifa Sall, le maire de Dakar, incarcéré et inculpé de détournement de fonds publics, étaient ainsi présents en nombre ce vendredi sur la place de la Nation.

De leur côté, les proches de Macky Sall minimisaient ce rassemblement d’opposants sous le leadership de « Y’en a marre ». « Qu’ils restent chez eux ou manifestent dans la rue, peu importe. Nous, nous sommes au travail, sur le terrain, pour appliquer notre programme. Et pour l’instant, nous avons le soutien des Sénégalais, comme l’ont montré les différents scrutins depuis 2012 », glisse une source à la présidence, qui se dit aussi convaincue que les législatives à venir remettront une « nouvelle fois les pendules à l’heure » face aux « agitateurs médiatico-politiques » de Dakar.

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