Pourquoi la lutte contre la typhoïde en Afrique est un impératif

C’est pour souligner combien l’accès à l’eau potable est crucial que l’ONU célèbre chaque année la Journée internationale de l’eau, le 22 mars.

Des patients souffrant de la typhoïde attendent d’être pris en charge dans un hôpital de Hararé, au Zimbabwe, le 5 novembre 2011. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Des patients souffrant de la typhoïde attendent d’être pris en charge dans un hôpital de Hararé, au Zimbabwe, le 5 novembre 2011. © Tsvangirayi Mukwazhi/AP/SIPA

Anita Zaidi
  • Anita Zaidi

    Anita Zaidi est directrice du programme des maladies entériques et diarrhéiques à la Fondation Bill & Melinda Gates.

Publié le 21 mars 2017 Lecture : 3 minutes.

Malgré des progrès considérables, il reste cependant encore beaucoup à faire avant que cet objectif ne soit atteint en Afrique. Près de la moitié[1] des 783 millions de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’eau potable[2] vivent en Afrique subsaharienne. Une récente étude portant sur la typhoïde, l’une des maladies les plus étroitement liées à l’eau contaminée, a souligné le lourd tribut que paient toujours les malades et les communautés.

Le lien direct entre la typhoïde et l’eau et la nourriture contaminées est bien connu. Mais nos connaissances sont amputées de zones d’ombre inquiétantes face à cette maladie et notre capacité à l’éviter. On enregistre toujours près de 22 millions de cas de typhoïde chaque année dans le monde, conduisant à plus de 200 000 décès qui auraient pu être évités, et dont beaucoup concernent des enfants.[3]

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Asie du Sud et Afrique, même combat

On pensait, par exemple, que la maladie était la plus présente en Asie du Sud. Mais une étude récente du Programme de surveillance de la fièvre typhoïde en Afrique (Typhoid Fever Surveillance in Africa Programme, ou TSAP) a révélé que dans certaines zones du continent africain, la menace de la typhoïde était tout aussi forte.[4]

À ce jour, TSAP est l’analyse standardisée la plus complète sur les infections à salmonelles en Afrique subsaharienne. Pour cette étude, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates et menée par des partenaires locaux, des chercheurs ont analysé des échantillons de sang à la recherche de typhoïde dans dix pays africains, du Sénégal à l’Afrique du Sud.[5]

L’étude a montré que la typhoïde était deux à trois fois plus fréquente qu’on ne le pensait précédemment, et que son incidence dans certaines zones égalait ou dépassait même celle observée en Asie du Sud. Elle a également confirmé que les enfants âgés de 2 à 14 ans étaient la population la plus touchée par la maladie.[6]

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Les résultats ont également remis en cause l’idée selon laquelle la typhoïde s’observe essentiellement dans les zones urbaines avec une forte densité de population. L’étude a en fait révélé que la maladie pourrait être plus fréquente en campagne.[7]

Les données indiquent qu’une approche plus frontale pour lutter contre la typhoïde est nécessaire en Afrique sub-saharienne, qui doit pouvoir être appliquée aussi bien à la campagne qu’en ville. Bien sûr, il convient également de donner priorité à l’accès à l’eau potable aussi rapidement que possible.

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Prévention et amélioration des traitements

Mais cela demandera des ressources considérables et de nombreuses années. Pendant ce temps, et alors que cet objectif à long terme se concrétise, nous devons mettre l’accent sur des mesures de prévention et améliorer les traitements.

La prévention doit comprendre le développement de nouveaux vaccins efficaces pour fournir une protection aux populations les plus à risque, en particulier les enfants. En leur donnant une immunité durable, nous pouvons non seulement protéger les gens des symptômes même de la typhoïde mais également éviter qu’ils ne deviennent des porteurs sains qui s’ignorent : l’une des principales causes d’infections et d’épidémies. Lorsque davantage de personnes sont vaccinées, le nombre de personnes tombant malade diminue. Et avec moins de personnes malades, les probabilités de contaminer des sources d’eau et de nourriture sont réduites. Le cercle vicieux de la typhoïde peut être brisé.

Nous devons également développer de nouveaux traitement pour lutter contre les bactéries résistantes aux médicaments, afin d’avoir des lignes de défense efficaces pour les personnes qui tombent malades. Il faut davantage de recherche pour mieux comprendre quels groupes et quelles zones souffrent le plus, avec les effets les plus dévastateurs des formes les plus sévères de la typhoïde, et de cette manière mieux cibler nos efforts.

Avec de meilleures informations et de meilleurs outils pour protéger les communautés, nous pouvons aider le continent à lutter contre cette maladie qui coûte la vie à bien trop d’enfants et qui nuit au développement économique et social.

[1] UNICEF et l’Organisation Mondiale de la santé, « Progress on Sanitation and Drinking Water: 2015 Update and MDG Assessment », 2015, p.7

[2] UN-Eau, « World Water Day 2013 »

[3] Marks et al (2017), Incidence of invasive salmonella disease in sub-Saharan Africa: a multicentre population-based surveillance study

[4] ibid

[5] ibid

[6] ibid

[7] ibid

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