Au Mali, les patrouilles mixtes relancent l’espoir de paix

Les premières patrouilles mixtes entre soldats maliens, groupes armés pro-gouvernementaux et ex-rebelles relancent timidement les espoirs de paix dans le nord du Mali, où les défis sécuritaires restent immenses après une série d’attentats sanglants.

Patrouille mixte entre soldats maliens, groupes armés pro-gouvernementaux et ex-rebelles, le 23 février 2017 à Gao. © Stringer/AFP

Patrouille mixte entre soldats maliens, groupes armés pro-gouvernementaux et ex-rebelles, le 23 février 2017 à Gao. © Stringer/AFP

Publié le 26 février 2017 Lecture : 3 minutes.

« C’est un beau jour ! » s’est félicité samedi le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian en rencontrant des éléments de ces patrouilles lancées jeudi à Gao, la plus grande ville du Nord, conformément à l’accord de paix au Mali signé en mai-juin 2015.

« Les premières patrouilles mixtes, si attendues, si symboliques, si importantes sont maintenant au rendez-vous », a-t-il ajouté, « ce sont des gages importants pour l’avenir ».

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Ces patrouilles à Gao, dont les effectifs atteindront à terme 600 hommes, concernent des soldats de l’armée régulière, des combattants des groupes pro-gouvernementaux de la Plateforme et ceux de l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Pour la visite du ministre français, une trentaine d’entre eux étaient réunis en rangs d’oignon par 40 degrés au camp de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).

Sur leurs uniformes vaguement coordonnés, tous arboraient des brassards affichant « MOC », sigle du « Mécanisme opérationnel de coordination » chargé d’organiser ces patrouilles censées préfigurer la refonte d’une armée malienne unitaire. Le MOC espère lancer bientôt le même dispositif à Kidal (extrême nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), sous l’égide de la force de la Minusma.

« Formidable ! Belle perspective ! Maintenant il faut tenir la suite », a lâché Jean-Yves Le Drian à l’adresse des patrouilles, fortement soutenues par la force française Barkhane (1.400 hommes) dédiée à la lutte contre le terrorisme au Sahel.

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Leur lancement, jeudi, est intervenu près de cinq semaines après un attentat-suicide avec un pick-up bourré de 500 kg d’explosif, contre le camp du MOC, situé à quelques centaines de mètres de celui de la Minusma.

Cette attaque, revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a fait près de 80 morts selon des bilans concordants.

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Porosité 

« Aujourd’hui, nous assurons la sécurité des sites du MOC. Mais nous allons dans un bref délai rentrer dans l’opération de sécurisation de la ville de Gao avec les forces maliennes, de la Minusma et Barkhane », a assuré le chef du MOC, le colonel Sidi Mohamed Rhissa, issu de l’armée malienne.

D’anciens rebelles touareg, hier membres de groupes jihadistes, se rallient doucement, attirés par la perspective d’une solde régulière dans une région déshéritée, a souligné une source militaire à la Minusma.

Mais la porosité entre groupes signataires de l’accord de paix et combattants radicaux ainsi que trafiquant en tous genres, membres de mêmes tribus, reste grande.

La sécurité était de fait maximale lors de la venue du ministre Le Drian, encadré par une débauche de forces spéciales et gardes du corps lourdement armés. La patrouille mixte, arrivée à bord de pick-up estampillés MOC, était quant elle non armée.

Le MOC, dont le camp était réputé perméable aux allers et venues d’éléments externes, a assuré de son côté avoir pris « toutes les protections » pour sa sécurité. Mais la tension reste grande.

« La présence de certains groupes ou nationalités, comme les Pakistanais, dans Gao présage pour nous un mauvais augure », a affirmé Aimée-Thérèse Faye Diouf, responsable du programme DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion) pour le compte de la Minusma à Gao.

« A chaque fois qu’ils sont là, quelque temps après, on a une explosion, une attaque assez complexe », a-t-elle dit.

Quatre ans après le déclenchement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, de l’intervention militaire internationale dans le Nord qui a mis en déroute les jihadistes sans en éradiquer la menace, Jean-Yves Le Drian concède aussi que les défis restent nombreux.

« Il reste encore beaucoup à faire pour que l’autorité de l’Etat s’impose sur l’ensemble du territoire », a-t-il noté. « Quel que soit votre succès, il ne vous met pas à l’abri d’une attaque ou d’un attentat », a-t-il ajouté devant les soldats de Barkhane.

Longtemps concentrées dans le nord du Mali, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre puis le sud du pays ainsi qu’au Niger voisin où, selon les autorités, 19 soldats ont été tués mercredi par un groupe jihadiste, selon une source militaire française.

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