RD Congo : ce que l’on sait de la lettre d’Étienne Tshisekedi à Joseph Kabila

Les évêques catholiques, médiateurs des pourparlers en cours en RD Congo, ont reconnu ce vendredi que l’opposant Étienne Tshisekedi, décédé début février, avait laissé une lettre au président Joseph Kabila. La missive produira-t-elle l’effet escompté ? Rien n’est moins sûr.

Le président Joseph Kabila et l’opposant historique Étienne Tshisekedi. © Elias Asmare, John Bompengo/AP/SIPA

Le président Joseph Kabila et l’opposant historique Étienne Tshisekedi. © Elias Asmare, John Bompengo/AP/SIPA

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Publié le 24 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Même si son contenu n’a toujours pas été révélé, on en sait un peu plus sur la lettre écrite par Étienne Tshisekedi quelques jours avant sa mort. Son destinataire est bien Joseph Kabila, le président de la RD Congo. Pour mettre fin aux spéculations, la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco) a fait une mise au point à ce sujet vendredi 24 février, à Kinshasa.

Contrairement aux rumeurs répandues dans le pays, la fameuse lettre n’a pas été remise aux évêques à la veille du dernier départ de l’opposant historique en Belgique. Mais bien avant ! « Le 17 janvier 2017, M. l’abbé Théo Tshilumbu [alors secrétaire particulier de Tshisekedi, ndrl] et M. Pierre Lumbi [cadre du Rassemblement de l’opposition] ont déposé au bureau de la médiation de la Cenco une lettre provenant de M. Étienne Tshisekedi destinée au chef de l’État », indique la Cenco dans une déclaration lue devant la presse par M. l’abbé Donatien Nshole, son porte-parole.

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« Les porteurs de cette missive ont donné avec insistance trois conditions pour sa remise à qui de droit : la stricte discrétion, attendre le moment opportun − c’est-à-dire si toutes les négociations entre le Rassemblement et la Majorité présidentielle (MP) n’aboutissent pas − et la remise en mains propres au destinataire », souligne le communiqué de la Cenco.

Malgré plusieurs pressions, et pour des « raisons éthiques », les évêques ont attendu leur rencontre avec Joseph Kabila, le 20 février, pour lui remettre la lettre de son meilleur rival, décédé au début du même mois à Bruxelles et dont le rapatriement du corps se trouve aujourd’hui au coeur des querelles politiciennes.

Lettre morte ?

Selon certains, le courrier contiendrait le nom du futur Premier ministre, poste qui doit revenir au Rassemblement de l’opposition selon les termes de l’accord de la Saint-Sylvestre. Étienne Tshisekedi aurait porté son choix sur son fils, Félix.

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Problème : le président Kabila a « estimé qu’il revient au futur président du conseil des sages du Rassemblement de lui présenter la liste des candidats » premiers ministrables, selon les évêques. Passant ainsi outre le compromis politique conclu le 31 décembre qui voudrait que le Rassemblement « présente » un seul nom, en vue de la nomination. Une disposition à laquelle s’accroche le principal regroupement de l’opposition.

Joseph Kabila aurait souhaité un contact direct avec le successeur de Tshisekedi à la tête du Rassemblement.

Visiblement, le couac demeure après la présentation de la correspondance de Tshisekedi à Kabila. À quoi aura-t-elle servi ? Ne risque-t-elle pas de rester lettre morte ?

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La médiation, elle, soutient que la missive n’a pas été récusée par le chef de l’État. Ce dernier aurait plutôt souhaité un « contact direct » avec le successeur de Tshisekedi à la tête du Rassemblement. Et comme la plateforme peine à trouver un remplaçant au « Vieux », le statu quo est assuré. À dix mois de l’organisation de plus en plus hypothétique de la présidentielle.

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