Mali : les premières patrouilles mixtes font leur apparition à Gao

Les premières patrouilles mixtes formées de soldats maliens, de combattants de groupes pro-gouvernementaux et de l’ex-rébellion, ont été lancées jeudi à Gao, la plus grande ville du nord du pays. Elles doivent préfigurer la refonte d’une armée unitaire.

Un soldat malien à Gao, le 7 février 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

Un soldat malien à Gao, le 7 février 2013. © Jerome Delay/AP/SIPA

Publié le 23 février 2017 Lecture : 2 minutes.

La cérémonie de lancement s’est déroulée en périphérie de Gao au siège du « Mécanisme opérationnel de coordination » (MOC), une organisme chargée d’organiser ces patrouilles.

Celles-ci sont composées de soldats de l’armée régulière, de combattants des groupes pro-gouvernementaux formant la Plateforme et d’hommes de l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali formant la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

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600 soldats participeront aux patrouilles

Tous étaient vêtus de treillis, les soldats portant un béret, beaucoup de combattants des groupes armés arborant un turban. Mais ils affichaient des brassards de couleurs distinctes : rouge pour les hommes du rang, vert pour les sous-officiers et jaune pour les officiers.

À terme, 600 hommes – 200 de chaque camp – devraient participer à ces patrouilles. Jeudi, ils étaient une centaine qui, après le rassemblement sur le site du MOC, sont montés, armes au poing, dans des pick-up en direction de la ville de Gao.

« Aujourd’hui, il n’y a pas de militaires maliens ou de rebelles mais le drapeau national », a déclaré à l’AFP un soldat, approuvé par son voisin, membre de la CMA: « C’est ça. Les patrouilles mixtes vont aider pour le retour de la confiance ».

« Jour de grandeur et de fierté »

Le lancement des patrouilles a été salué par les autorités maliennes, la force de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et l’opération française Barkhane dédiée à la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. Toutes étaient représentées à la cérémonie.

Le représentant du gouvernement, Boubacar Bagayoko, directeur de cabinet du gouverneur de Gao, a parlé de « jour de grandeur et de fierté » pour les Maliens. C’est « une belle photo. Le début des patrouilles mixtes marque une étape important dans le processus » de paix au Mali, a estimé le commandant par intérim de la force militaire de la Minusma, le général Amadou Kane.

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Par cette initiative, « les différentes forces sur le terrain montrent (…) leur volonté d’aller de l’avant », a dit le représentant du commandant de Barkhane à Gao, le colonel Jean-Bruno Despouys.

Cinq semaines après un sanglant attentat-suicide

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Les patrouilles mixtes sont une disposition de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 par Bamako, la Plateforme et la CMA. Leur lancement, qui avait été sans cesse remis à plus tard, intervient cinq semaines après un attentat-suicide contre le camp où la cérémonie a eu lieu jeudi.

Revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune du jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar rallié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque a fait près de 80 morts selon des bilans concordants. Mais un document interne du MOC consulté jeudi par l’AFP évoque 61 morts et 116 blessés.

« Dans un premier temps, les patrouilles mixtes se dérouleront à Gao. Ensuite elles vont s’étendre dans tout le Nord », a précisé à l’AFP Ibrahim Ould Sidy, d’un des groupes armés. A Gao, beaucoup exprimaient l’espoir de voir ces forces mixtes être véritablement présentes dans tout le Nord, en proie depuis 2013 à de sanglantes attaques jihadistes contre populations et forces maliennes et étrangères.

« Nous voulons vraiment la paix. Il faut que tout le monde soit sincère. S’il n’y a pas de sincérité, ça ne va pas marcher », a affirmé un élu de la ville, Ali Maïga, résumant un sentiment général.

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