Cameroun : pourquoi Camrail a retiré ses wagons chinois de la circulation ?

La catastrophe ferroviaire d’Eseka, qui a fait 79 morts le 21 octobre, commence-t-elle à livrer ses premiers enseignements ? Depuis quelques jours, Camrail a décidé de retirer de la circulation ses wagons d’origine chinoise, dont le système de freinage aurait été mis en doute dès 2014.

Le train Yaoundé-Douala, qui a déraillé le 21 octobre 2016 à Eseka, au Cameroun. © AP/SIPA

Le train Yaoundé-Douala, qui a déraillé le 21 octobre 2016 à Eseka, au Cameroun. © AP/SIPA

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Publié le 23 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Non, ce n’est pas qu’une simple impression d’usagers : depuis quelques jours, les trains circulant sur le réseau ferroviaire du Cameroun sont parfois plus courts. La société Camrail a en effet pris la décision de retirer de la circulation les wagons de fabrication chinoise qu’elle utilisait jusqu’alors, notamment pour les trains-couchettes.

Officiellement, cette décision a été prise « par mesure de précaution », avance une source au sein de Camrail. Qui ajoute : « Mais il ne serait pas surprenant que cela soit lié à la catastrophe d’Eseka. Il y a eu une prise de conscience en interne depuis le 21 octobre ». Difficile de ne pas faire le rapprochement entre les deux événements, alors qu’un des rapports d’expert, commandé par le parquet du Centre et contesté par Camrail, pointait la responsabilité de ces voitures « chinoises » dans la catastrophe.

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« Les plaquettes de frein ne présentaient pas d’usure et n’étaient pas serrées sur leur disque de freinage », explique l’expert qui a analysé les wagons du convoi ayant déraillé le 21 octobre, et conclu qu’ils n’avaient tout simplement pas freiné. « Ces défauts de freinage sont liés à la conception même du système », ajoute-t-il.

Des anomalies constatées dès 2014 ?

La « prise de conscience » aurait-elle pu avoir lieu plus tôt ? Si l’expert estime que le système de freinage peut être défaillant dès la conception, Camrail affirme de son côté avoir effectué, en tant qu’exploitant, des tests durant un mois avant la mise en service des voitures de fabrication chinoise de type CSR. Ceux-ci avait auparavant été achetés par l’État du Cameroun, explique une source au sein de l’entreprise.

Mais Camrail aurait également pris des mesures concernant les wagons chinois dès 2014, alors que plusieurs défaillances avaient été constatées lors de leur utilisation. Des convois composés de ce type de voitures avaient en effet « dérivé » et pris une vitesse excessive, en mai 2014 ou en juillet 2014, assure le rapport d’expertise.

Selon l’expert, des incidents se sont produits dès 2014

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« Ceci a conduit les dirigeants de Camrail à composer un mixage des convois afin de compenser les effets négatifs du système à disque CSR [qui équipe les wagons d’origine chinoise, NDLR] », explique encore l’expert. En d’autres termes, Camrail avait pris l’initiative d’encadrer les voitures « chinoises » avec d’autres de provenances différentes, notamment française et allemande.

C’est d’ailleurs ainsi qu’elle procéda le 21 octobre, concernant le train qui allait dérailler à Eseka. Les douze voitures de fabrication chinoise (de type CSR série 1300, de 44 à 45 tonnes chacune, et dont huit avaient été ajoutées le jour même), étaient ainsi situées entre la locomotive « Dietrich » de conception allemande, et les quatre voitures de queue « Soule » d’origine française.  Cela n’aura pas cependant pas suffi à éviter le déraillement.

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