Le Soudan du Sud déclaré en état de famine

La famine, qui sévit déjà dans plusieurs régions du Soudan du Sud, pourrait concerner la moitié de la population d’ici quelques mois, selon les autorités du pays. Les organisations onusiennes dénoncent une tragédie “causée par l’homme”.

Durant les années où  El nino est actif, l’Afrique de l’Est recense environ 50 000 cas de choléra de plus annuellement. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Durant les années où El nino est actif, l’Afrique de l’Est recense environ 50 000 cas de choléra de plus annuellement. © Mulugeta Ayene/AP/SIPA

Publié le 20 février 2017 Lecture : 2 minutes.

Près de 100 000 Sud-soudanais de la région d’Unité, dans le nord du pays, souffrent de famine, selon trois organisations des Nations unies − le Fonds pour l’enfance (Unicef), pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) −.

Une situation confirmée par Isaiah Chol Aruai, président du Bureau national des statistiques, qui a déclaré lors d’une conférence de presse récente que plusieurs zones de cette région étaient désormais « classifiées comme étant en famine […] ou courant le risque d’être en famine », en se basant sur l’échelle IPC, le standard le plus utilisé pour classifier la sécurité alimentaire.

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« Les gens ont déjà commencé à mourir de faim »

« Lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim, s’alarment les organisations onusiennes dans un communiqué commun. Cette situation alimentaire est la pire depuis le début des combats il y a plus de trois ans ».

 

Indépendant depuis 2011, le pays est la proie des combats qui opposent les troupes du président Salva Kiir, membre de l’ethnie dinka, aux hommes de l’ancien vice-président Riek Machar, issu de l’ethnie nuer. D’après les Nations unies, le risque d’un génocide plane au-dessus de cette guerre, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés.

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4,9 millions de personnes menacées

Effets à long terme du conflit, prix élevés de la nourriture, crise économique, production agricole réduite… Les conditions sont réunies pour que 4,9 millions de Sud-soudanais (sur un total de 11 millions d’habitants) soient désormais classés dans les trois niveaux supérieurs de l’échelle IPC, selon Isaiah Chol Aruai.

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L’IPC distingue cinq phases possibles dans la situation alimentaire d’un pays, la cinquième étant celle de « catastrophe/famine ». Quand plus de 20% de la population d’une région est en « catastrophe », que le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10 000 par jour et qu’une malnutrition aiguë touche plus de 30% de la population, l’état de famine est déclaré.

« Une tragédie causée par l’homme »

« La plus grande tragédie du rapport publié aujourd’hui, c’est que le problème a été causé par l’homme », a de son côté déploré Eugene Owusu, coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU pour le Soudan du Sud.

Il a appelé « le gouvernement, les belligérants et tous les acteurs à soutenir les humanitaires et leur fournir l’accès nécessaire pour qu’ils puissent continuer à fournir les services vitaux à la survie de ceux qui sont dans le besoin ». 

« La population est constituée principalement de fermiers et la guerre a perturbé l’agriculture. Les gens ont perdu leur bétail, même leurs outils agricoles. Depuis des mois, ils dépendent entièrement des plantes et des poissons qu’ils peuvent trouver », selon Serge Tissot, représentant de la FAO au Soudan du Sud.

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