Côte d’Ivoire : ce qu’il faut savoir avant la reprise du procès de Simone Gbagbo

Le deuxième procès de l’ancienne Première dame ivoirienne reprend mardi 21 février à Abidjan, après un mois et demi d’interruption. Une reprise qui devrait avoir lieu sans Simone Gbagbo ni sa première équipe d’avocats, toujours décidés à ne plus participer au procès. Jeune Afrique fait le point en quatre questions-réponses sur cette procédure judiciaire mouvementée.

L’ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, le 15 janvier 2011 à Abidjan. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

L’ex-Première dame ivoirienne, Simone Gbagbo, le 15 janvier 2011 à Abidjan. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 20 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Où s’était arrêté le procès ?

Après plusieurs interruptions, le procès de Simone Gbagbo, notamment jugée pour crimes contre l’Humanité, avait de nouveau été reporté le 10 janvier. Motif : laisser un temps de préparation aux avocats récemment commis d’office, qui ne disposaient pas de toutes les pièces du dossier.

Me Claude Mentenon, Georges Viera Patrick et Amani Kouamé du barreau d’Abidjan avaient en effet été commis d’office en décembre dernier après que les avocats de Simone Gbagbo avaient suspendu leur participation au procès.

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Pourquoi ces derniers ne participent plus au procès ?

Fin novembre, l’équipe de défense choisie par Simone Gbagbo et menée par Maître Ange Rodrigue Dadjé, son principal conseil, avait claqué la porte des assises pour « protester contre le refus du tribunal de procéder à certaines auditions ».

Depuis des semaines, Me Dadjé exigeait la comparution de plusieurs personnalités et hauts commis de l’État lors de la crise post-électorale. Parmi elles : l’actuel président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, l’ancien Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio, ou encore l’ex-chef de l’armée, le général Philippe Mangou.

« Nous réclamons toujours l’audition des témoins des faits. On ne peut pas comprendre que le chef de la police de l’époque, Bredou M’Bia, comparaisse à la Cour pénale internationale dans le procès de Laurent Gbagbo, mais qu’on ne puisse pas l’entendre à Abidjan », déplore Me Dadjé, dénonçant un « échec de la justice ivoirienne ».

Comment Simone Gbagbo s’implique-t-elle dans sa défense ?

« Elle ne s’implique pas, mais elle s’accroche », répond son avocat. « Elle ne comparaîtra plus tant que nous ne reviendrons pas au tribunal. Et nous ne reviendrons pas tant que notre demande ne sera pas entendue », poursuit Me Dadjé, assurant « être ouvert » aux discussions avec la cour pour reprendre leur participation.

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Depuis mai dernier et l’ouverture du procès, Simone Gbagbo a toujours récusé les accusations pesant contre elle. « Je ne reconnais pas les faits », avait déclaré l’ancienne Première dame, niant l’existence de certaines accusations telles que le bombardement meurtrier du marché d’Abobo en mars 2011, qu’elle avait qualifié de « pièce de théâtre ».

Aux premiers jours de son procès, elle avait par ailleurs nié avoir financé les Jeunes patriotes, un mouvement politique pro-Gbagbo accusé d’exactions. À la barre, elle les avait néanmoins défendu avec insistance : « Les patriotes ont fait œuvre utile en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens devraient s’aligner pour leur dire merci. »

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Parfois très en verve, Simone Gbagbo avait avancé qu’on lui prêtait « trop de pouvoir ». Dans les premiers jours de son procès, elle avait également affirmé avoir été victime de tentatives de viol lors de son arrestation en 2011 : « J’ai subi plusieurs tentatives de viol en plein jour […] et tout cela en présence des soldats français qui filmaient. »

Pourquoi Simone Gbagbo est-elle jugée une seconde fois ?

Âgée de 66 ans, elle a déjà été condamnée une première fois en 2015 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Une peine qu’elle purge actuellement à Abidjan, même si plusieurs ennuis de santé lui ont valu d’être hospitalisée à la polyclinique Sainte Anne-Marie de Cocody (Pisam).

Un an après sa première condamnation, Simone Gbagbo, dont la Cour pénale internationale (CPI) demande par ailleurs son transfèrement à La Haye où est jugé son mari, a été rappelée devant les assises d’Abidjan en mai 2016.

Cette fois, elle comparaît pour faits de « crime contre les prisonniers de guerre et crime contre l’Humanité ». 

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