Crise au Burundi : le médiateur veut convoquer d’urgence un sommet des États d’Afrique de l’Est

Crise politique et dialogue de sourds entre pouvoir et opposition. Pour sortir de l’impasse, le médiateur dans la crise burundaise, Benjamin Mkapa, a estimé dimanche urgent de convoquer un sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC). Celui-ci devra étudier les « obstacles au processus » de paix au Burundi.

L’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, à Nairobi le 7 janvier 2009. © KHALIL SENOSI/AP/SIPA

L’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, à Nairobi le 7 janvier 2009. © KHALIL SENOSI/AP/SIPA

Publié le 20 février 2017 Lecture : 3 minutes.

L’annonce de l’ancien président tanzanien survient à l’issue de quatre jours de consultations stériles entre les parties à la crise burundaise. Ces discussions ont lieu à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, en l’absence du gouvernement burundais qui a décidé de les boycotter.

Bujumbura y dénonce la présence des figures de l’opposition en exil, accusées d’être derrière la tentative de putsch des 13 et 14 mai 2015, au plus fort des manifestations contre le président Pierre Nkurunziza.

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Depuis l’annonce de sa candidature à un troisième mandat en avril 2015, le pays est plongé dans une grave crise. Les émeutes, réprimées dans le sang, puis les violences politiques qui ont suivi ont fait de 500 à 1 000 morts selon les sources et poussé près de 400 000 personnes à quitter le pays.

Des désaccords sur la forme

« Il est urgent de convoquer un sommet des chefs d’État chargé d’examiner les éléments posant un obstacle au processus » de dialogue interburundais, a annoncé Benjamin Mkapa, dans une déclaration lue en session plénière et dont le texte est parvenu à l’AFP.

« Je me chargerai de communiquer ce désir au médiateur (le président ougandais Yoweri Museveni est le principal médiateur) et au président du Sommet des chefs d’État de l’EAC dans les plus brefs délais », a-t-il ajouté.

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Il a assuré avoir noté « un consensus général sur les questions de fond » à aborder, estimant que « les désaccords » se situaient « au niveau de la mise en œuvre des solutions ».

Les réticences des autorités

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Selon une source diplomatique, « l’objectif (du Sommet) est de faire endosser par les chefs d’État de la région le processus de négociation en cours et le projet d’accord de Mkapa pour qu’il s’impose à tous, notamment au gouvernement du Burundi qui est très réticent ». Initialement prévu avant la fin février, ce sommet devrait finalement avoir lieu à une date ultérieure, non encore précisée, selon ce diplomate.

Lors de son allocution, Benjamin Mkapa a également présenté les quatre grandes catégories au menu des prochaines négociations : les questions politiques, constitutionnelles, législatives et électorales, la situation socio-économique, les questions humanitaires et la sécurité.

« Pas de consensus »

Un communiqué final avait également été prévu par le médiateur, dans lequel les parties devaient s’engager contre la violence, à ne toucher ni à l’accord de paix d’Arusha signé en 2000 et « garant » de la paix au Burundi, ni à la Constitution, et à parvenir d’urgence à un consensus sur l’organisation pacifique des élections de 2020.

Mais « il n’y a pas eu de consensus, car les positions sont encore très éloignées entre un gouvernement qui ne veut parler que des élections de 2020 et du rapatriement du dialogue (à Bujumbura) d’un côté, et de l’autre une opposition qui demande un gouvernement de transition avec le départ du président Nkurunziza avant la fin de celle-ci », a expliqué le diplomate.

« N’oubliez pas que le gouvernement et le parti au pouvoir refusent toujours de s’asseoir avec le Cnared », coalition regroupant la quasi-totalité de l’opposition au président Nkurunziza, a-t-il ajouté.

Des milliers de manifestants à Bujumbara

Une délégation du Cnared a rencontré Benjamin Mkapa à deux reprises, mais n’a pas participé à la réunion plénière de clôture dimanche. Le Cnared a accusé en décembre l’ancien président tanzanien d’avoir pris fait et cause pour le gouvernement burundais en estimant « légitime » l’élection du président Nkurunziza en juillet 2015, alors que l’opposition estime ce 3e mandat contraire à la Constitution et la présidentielle irrégulière.

De son côté, le pouvoir burundais a multiplié cette semaine les gestes d’hostilité envers ce dialogue. À l’appel d’organisations proches du pouvoir, des milliers de personnes ont manifesté samedi contre les pourparlers, à Bujumbura et dans d’autres localités du pays.

Le médiateur s’est engagé à arriver à un accord de paix définitif de sortie de crise au Burundi au plus tard fin juin 2017.

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