Nord du Mali : nouveau report de l’installation des autorités intérimaires

L’installation des autorités intérimaires dans le Nord du Mali, prévue par l’accord de paix de 2015 et qui devait débuter samedi à Kidal, bastion de l’ex-rébellion, a été reportée après une contestation de nominations du gouvernement, a t-on appris samedi auprès des autorités maliennes.

Un Casque bleu à Kidal, le 28 juillet 2013. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Un Casque bleu à Kidal, le 28 juillet 2013. © Rebecca Blackwell/AP/SIPA

Publié le 18 février 2017 Lecture : 3 minutes.

Les signataires de l’accord de paix au Mali ont établi le 10 février un nouveau calendrier prévoyant l’entrée en vigueur avant la fin du mois de deux dispositions importantes de cet accord, aux échéances constamment repoussées: les « patrouilles mixtes » et les autorités intérimaires dans les cinq régions administratives du Nord.

Les présidents des autorités intérimaires des régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Ménaka et Taoudénit ont été désignés vendredi par le gouvernement. Leur installation devait débuter samedi par Kidal.

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« Par souci d’apaisement, le gouvernement malien a décidé de reporter les cérémonies d’installation des autorités intérimaires dans les régions du Nord », a affirmé samedi à l’AFP une source au ministère malien de l’Administration territoriale.

A Kidal, fief de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg), la nomination vendredi d’un nouveau gouverneur est une des principales raisons du report de cette installation.

La CMA « conteste » la nomination comme gouverneur de Kidal de Sidi Mohamed Ag Ichrach, jugé proche du Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-gouvernemental), a précisé à l’AFP une source au ministère malien de l’Administration territoriale.

Sidi Mohamed Ag Ichrach, un inspecteur des douanes, a remplacé Koïna Ag Ahmadou, nommé gouverneur de Tombouctou, selon un communiqué officiel.

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« Nous avons effectivement appris qu’il y a des manifestations hostiles dans certaines localités du Nord depuis hier (samedi) à cause de l’installation de ces autorités » intérimaires, a ajouté la source au ministère malien de l’Administration territoriale.

« Il nous appartient de calmer le jeu, de convaincre, d’apaiser », a t-elle poursuivi.

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Un habitant de Tombouctou, joint samedi par l’AFP depuis Bamako, avait auparavant indiqué qu’ »il y a eu une manifestation » vendredi dans cette ville.

« Aujourd’hui, il y a eu une autre (manifestation). Tout ça (est dirigé) contre les autorités intérimaires. Nous ne sommes pas d’accord. Ce sont des gens parachutés », a t-il poursuivi.

Plusieurs mouvements ont contesté vendredi certains choix dans la désignation des autorités intérimaires, dénonçant l’absence de concertation.

En vertu de l’accord de paix signé en mai-juin 2015, les autorités intérimaires devront gérer les cinq régions concernées, en attendant l’élection par la population d’Assemblées dotées de pouvoirs importants.

Leur mission sera notamment de préparer ces élections et de favoriser le retour des déplacés.

Le président de chaque autorité intérimaire sera « le chef de l’exécutif local » et leurs décisions seront exécutoires immédiatement, leur légalité n’étant contrôlée par le représentant de l’Etat, le gouverneur, qu’a posteriori.

Les patrouilles mixtes entre militaires maliens, combattants des groupes pro-gouvernementaux et de l’ex-rébellion, sont censées préfigurer la refonte d’une armée malienne unitaire.

L’accord de paix de mai-juin 2015 vise à isoler définitivement l’ex-rébellion des jihadistes qui avaient pris en 2012 le contrôle du Nord.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature de l’accord, censé isoler définitivement les jihadistes.

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