Start-up africaine de la semaine : JTAgro plante ses graines au Congo

La start-up vient d’inaugurer sa première exploitation maraîchère à proximité de Pointe-Noire. Un projet mené au profit des maraîchers de Djeno, village du littoral à proximité du terminal pétrolier de Total auquel le groupe pétrolier français a apporté son soutien et qui pourrait très vite être dupliqué.

Planches de salades dans l’exploitation de 15 hectares lors de l’inauguration de JTAgro le 9 février. © Photos libres de droits / Pierre-Alexandre Moussa / Publiés avec son autorisation

Planches de salades dans l’exploitation de 15 hectares lors de l’inauguration de JTAgro le 9 février. © Photos libres de droits / Pierre-Alexandre Moussa / Publiés avec son autorisation

Julien_Clemencot

Publié le 16 février 2017 Lecture : 3 minutes.

JTAgro ne part pas de rien. Le 9 février, les Jardin Tropicaux Améliorés ont certes inauguré au sud de Pointe-Noire leur première exploitation maraîchère sur le continent, moins de deux ans après la création de la société. Mais sur ce projet, la jeune pousse, juridiquement française, a mobilisé près deux décennies d’expérience accumulée par le concepteur de solutions agricoles JTS Concept (Jardins tropicaux et semences).

Financée par l’ancien banquier Pierre Moussa, premier directeur Afrique de la Banque mondiale, JTS Concept, aujourd’hui liquidé, a mis au point, en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), une méthodologie culturale qui serait 4 à 6 fois plus productive que celles habituellement déployées en zone tropicale.

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Au cours des années 2000, elle a apporté son expertise au Haut commissariat aux réfugiés et créé plus de 3 000 jardins de case d’une quinzaine de mètres carrés chacun. C’est pour offrir des débouchés commerciaux à ce savoir-faire que Laurent Colas et Yoann Michenet, respectivement anciens directeur général et directeur technique de JTS, et Pierre Alexandre Moussa (parent éloigné de Pierre Moussa) ont co-fondé JTAgro.

600 tonnes vendues à Sodexo, Total et des hôteliers locaux.

À Djeno, situé à 15 kilomètres de la capitale économique congolaise, la ferme conçue par JTAgro occupe 15 hectares exploités en agriculture raisonnée (utilisation limitée d’intrants). Sa production estimée à 600 tonnes cette année (aubergines, choux, courgettes, carottes, melons, pastèques, poivrons, salades, tomates), dont la première récolte a débuté, sera vendue à hauteur de 40% à la société Sodexo pour l’approvisionnement des plateformes offshore de Total. Le solde sera notamment acheté par l’avitailleur Daron Shipchandler, les hôteliers et les restaurateurs de la zone sont également intéressés.

Appuyé par le pétrolier français qui, dans le cadre de sa politique de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), a mis à disposition le terrain et octroyé une subvention de 150 000 euros, la start-up a mobilisé quatorze maraîchers réunis en association. Cette dernière détient désormais 51% de la société Primeurs de Djeno (SPD).

JTAgro est elle aussi actionnaire du projet à hauteur de 23,5%. En dépit du soutien de Total et de Sodexo, Pierre Alexandre Moussa, avoue avoir eu du mal à boucler le financement du projet évalué à 611000 euros.

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“Nous n’avons pas trouvé de fonds d’amorçage et c’est finalement grâce à l’appui de la société Aries investissement que nous avons obtenu un prêt de la Banque commerciale internationale (BCI, filiale locale de BPCE) que l’Agence française de développement a garanti en partie”, explique-t-il.

Pour sa première année d’exploitation, la plateforme devrait réaliser un chiffre d’affaires d’un million d’euros et de 1,36 million d’euros la deuxième année. D’ores et déjà, Pierre Alexandre Moussa et Laurent Colas envisagent de doubler la surface cultivée à Pointe Noire en diversifiant les débouchés de la plateforme et étudient la possibilité de répliquer l’initiative à Brazzaville où la demande en produits frais est également importante.

10 autres exploitations maraîchères en projet

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Avant de se lancer en République du Congo, JTAgro avait déjà réalisé un projet pilote de ferme maraîchère sur l’Île Maurice en partenariat avec la famille Lagesse, propriétaire du groupe Mon Loisir (GML). La start-up avait alors investi 260 000 euros levés auprès de particuliers, environ 60% du coût total de l’exploitation (420 000 euros). Débuté sur cinq hectares en 2016, l’exploitation y a été labellisée bio farming — une incitation à la production agricole biologique introduite par le gouvernement mauricien en 2016. Et elle devrait passer sur sept hectares cette année. La production est achetée par le distributeur Proxifresh, spécialisé dans l’import, l’export et la distribution de fruits et légumes frais sur l’Île Maurice, dont la famille Lagesse est actionnaire.

Une dizaine d’autres plateformes maraîchères sont à ce jour dans les cartons de JTAgro notamment au Cameroun et en Guinée équatoriale où les autorités souhaitent aussi limiter les importations de légumes frais. “À Malabo, les autorités sont prêtes à investir, mais elles souhaitent également que nous soyons actionnaires”, détaille Pierre Alexandre Moussa. Après l’inauguration de sa première ferme, 2017 pourrait aussi être l’année d’une première levée de fonds.

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