1990-2003 : comment la guerre au Liberia a fait rentrer la Cedeao dans une nouvelle dimension

La guerre civile libérienne est un véritable tournant pour la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest. Créée en 1975 pour promouvoir les échanges entre ses États-membres, l’organisation assume pour la première fois sa dimension diplomatique.

L’ex-président libérien Charles Taylor, en 2003. © PEWEE FLOMOKU/AP/SIPA

L’ex-président libérien Charles Taylor, en 2003. © PEWEE FLOMOKU/AP/SIPA

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Publié le 16 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Ellen Johnson Sirleaf et Ernest Bai Koroma à Banjul, en Gambie, le 13 décembre 2016. © Sylvain Cherkaoui/AP/SIPA
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Afrique de l’Ouest : quel bilan diplomatique pour la Cedeao ?

La Cedeao est une nouvelle fois à pied d’oeuvre pour trouver une solution diplomatique à la crise gambienne. Créée en 1975, l’organisation ouest-africaine a une longue expérience des crises politiques, qu’elle a même parfois contribué à résoudre par la force.

Sommaire

1990- 1999

Dans le courant de l’année 1990, le Liberia sombre dans la guerre civile, qui oppose les partisans du président Samuel Doe aux rebelles de Charles Taylor. Au début de l’été, les hommes de ce dernier contrôlent quasiment tout le pays, en dehors de la capitale Monrovia. En août 1990, un Comité permanent de médiation (CPM) de la Cedeao est donc chargé de réfléchir aux moyens d’intervenir pour mettre fin au conflit.

Le 24 août, suite à l’échec des solutions pacifiques envisagées comprenant notamment une proposition de cessez-le-feu, une force d’interposition chargée de faire respecter un cessez-le-feu entre les forces de Samuel Doe et de Charles Taylor est mise sur pied. Le déploiement des 10 000 soldats, majoritairement nigérians, sous la bannière des Casques blancs de l’Ecomog (The Economic Community of West African States Monitoring Group) est approuvé en novembre 1990 par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao.

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La force ouest-africaine restera au Liberia jusqu’en 1999 et comptera jusqu’à 20 000 unités. Entre temps, Samuel Doe aura été tué – après avoir été capturé par le rebelle Prince Johnson dans le bureau même du commandant de l’Ecomog -, quelque quatorze accords de paix auront échoué, avant qu’un quinzième, celui d’Abuja II, signé le 17 août 1996 sous l’égide de la Cedeao, n’aboutisse à l’organisation d’élections en juillet 1997 et à l’accession de Charles Taylor à la présidence. L’Ecomog est quant à elle transformé en force permanente. La Cedeao vient de changer de visage.

2003

La seconde guerre civile au Liberia commence en 1999 avec l’apparition, au nord du pays, des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd, dirigé par Sekou Conneh). Au début de l’année 2003, un second groupe armé, le Mouvement pour la démocratie au Liberia (Model), apparaît et, au mois de juin, Charles Taylor ne contrôle plus qu’un tiers du pays. Des pourparlers de paix ont lieu au Ghana et un accord de cessez-le-feu est signé le 17 juin 2003. Mais il n’est pas respecté.

Une deuxième opération de la Cedeao est donc lancée dès le 4 août 2003, suite à une décision du 2 juillet et après feu vert de l’ONU, le 1er août, pour appuyer la mise en œuvre de l’accord. Les 500 hommes de l’Ecomil (Mission de la Cedeao au Liberia) sont chargés de veiller au maintien de la sécurité et de préparer la mise en place de la force de la Mission des Nations unies au Liberia (Minul), prévue pour octobre 2003. Charles Taylor (qui sera finalement arrêté en 2006) démissionne de la présidence le 11 août 2003 et une transition politique est organisée, sous contrôle étroit de l’ONU. Le 23 novembre 2005, Ellen Johnson Sirleaf est élue à la tête du pays.

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