« Le président Faure Gnassingbé est différent de son père »

Dans une récente tribune, Kofi Yamgnane critiquait le voyage effectué par Manuel Valls au Togo. Ancien ministre du gouvernement de Pierre Bérégovoy auquel j’appartenais également, Kofi Yamgnane a été un bon maire d’une commune bretonne, un bon député de l’Assemblée nationale.

Faure Gnassingbé, chef de l’État togolais, au siège de la présidence à Lomé, le 6 avril 2015. © Vincent Fournier pour JA

Faure Gnassingbé, chef de l’État togolais, au siège de la présidence à Lomé, le 6 avril 2015. © Vincent Fournier pour JA

Francois_Loncle
  • François Loncle

    François Loncle est député de l’Eure (France), ancien président de la Commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale.

Publié le 9 décembre 2016 Lecture : 4 minutes.

Mais il a toujours eu l’obsession de vouloir jouer un rôle dans son pays d’origine, le Togo. Il a échoué, car ses compatriotes togolais constataient qu’il était déconnecté des réalités de leur pays. Il apparaissait plus Français que Togolais.

Il en a ressenti de l’amertume, qui l’a conduit à dénigrer systématiquement tout ce qu’entreprend le président du Togo et à ne pas percevoir les changements positifs qui se produisent dans ce pays. Expression d’une rancœur excessive, sa tribune accumule des contre-vérités qu’il convient de rectifier.

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Dialogue avec l’opposition

Le président Faure Gnassingbé est certes le fils et le successeur du général Eyadema, qui a régné pendant 38 ans sur le Togo. Mais il est différent de son père. Dirigeant jeune et compétent, il se soucie de moderniser son pays, de réconcilier les Togolais et d’offrir des perspectives à une jeunesse nombreuse.

Il est conscient des problèmes auxquels son pays est confronté. Il a compris les aspirations du peuple togolais. Il mène une dynamique politique de développement qui vise à relever les grands défis (alphabétisation, protection de l’enfance, dette publique, pauvreté…) auxquels le Togo doit faire face. Sous sa direction, le Togo évolue dans le bon sens.

Au niveau politique, le président Gnassingbé a entamé un dialogue constructif avec l’opposition, conférant à son chef de file un statut officiellement reconnu.

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À travers une réforme territoriale, il a également amorcé un processus de décentralisation qui permettra un meilleur maillage administratif et une amélioration des services collectifs : cette mesure revêt aussi un enjeu démocratique puisque la décentralisation sert de laboratoire de bonne gouvernance. Depuis dix ans, toutes les consultations électorales, aussi bien législatives que présidentielles, se sont déroulées dans le calme.

La peine de mort a été abolie en 2009 et la torture est désormais strictement interdite par le code pénal.

En matière de droits de l’homme, des progrès notables ont été réalisés. La peine de mort a été abolie en 2009 et la torture est désormais strictement interdite par le code pénal. Avec l’appui de la France, le Togo est devenu en janvier 2016 membre du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Il a d’ailleurs ratifié les huit principales conventions de l’ONU dans ce domaine.

Toutefois, la lutte contre l’impunité et contre les discriminations envers les femmes et les homosexuels demeure insuffisante.

Un partenaire économique « intéressant » 

Sur le plan économique, le Togo a engagé, depuis 2010, une politique de rattrapage impulsée par un vaste programme d’investissements publics, ce qui a contribué à améliorer sensiblement le climat des affaires. Faure Gnassingbé a l’ambition de transformer son pays en grande plate-forme régionale, dans les domaines portuaire, routier, ferroviaire, bancaire et aérien.

Le Togo a rééquilibré ses relations commerciales et financières avec les pays occidentaux.

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Le pays s’est doté d’infrastructures modernes. Le paysage de la capitale s’est métamorphosé. Le port de Lomé, le seul en eaux profondes du Golfe de Guinée, s’affirme comme une plaque tournante du trafic maritime de toute la région. Ce dynamisme s’est traduit par une croissance soutenue qui s’établit, depuis cinq ans, à 5,6% en moyenne. Cette tendance favorable devrait perdurer.

Tout en privilégiant ses traditionnelles forces exportatrices (phosphates, ciment, coton), le Togo a, en même temps, développé d’autres ressources, dans les secteurs agricole, minier, maritime. Il a également rééquilibré ses relations commerciales et financières avec les pays occidentaux. Il a multiplié les accords de coopération avec la Chine et les Etats européens.

Ainsi, le ministre allemand du développement a souligné que le Togo s’est imposé comme « un partenaire sûr et intéressant ». On y dénombre plus d’une centaine d’implantations économiques françaises dont une dizaine de grands groupes.

Une diplomatie volontariste

Le Togo est un pays stable avec lequel la France entretient des relations anciennes, intenses et confiantes. Plus de 3 500 Français résident au Togo et 12 000 Togolais vivent en France. La France est très présente dans ce pays de 7 millions d’habitants dont elle est l’un des principaux fournisseurs et détenteurs d’investissements directs étrangers.

Elle est aussi le premier bailleur bilatéral d’aide au développement, s’impliquant notamment dans les programmes d’assainissement de l’eau, du système éducatif et de l’aménagement urbain. Le Lycée français de Lomé accueille plus de mille élèves. Rouvert en septembre 2015, l’Institut français du Togo a rapidement retrouvé sa place de centre francophone culturel et artistique.

Le Togo est un pays stratégique, comme l’a souligné le sommet de l’Union africaine.

Par ailleurs, Faure Gnassingbé et son ministre des Affaires étrangères Robert Dussey conduisent une diplomatie volontariste qui a fait du Togo un acteur essentiel dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Le Togo est un pays stratégique, comme l’a souligné le sommet de l’Union africaine qui s’est tenu le 15 octobre à Lomé et qui a adopté une Charte sur la sécurité maritime. Il s’investit énergiquement dans les instances multilatérales (Union Africaine, CÉDÉAO) et prend une part significative à sept opérations de maintien de la paix Dès 2013, il a soutenu au Mali la Minusma à laquelle il fournit plus de 1 000 soldats et policiers.

Avec le Ghana et le Bénin, il a mis en œuvre une stratégie de surveillance du Golfe de Guinée et de lutte contre la piraterie. Il s’est, en particulier, impliqué dans les crises ivoirienne, soudanaise et au Darfour. Et il coopère étroitement avec nos forces armées.

Le Togo est un partenaire fidèle de la France. Il continue de participer activement au dispositif Barkhane et à combattre, de manière décisive et efficace, le terrorisme islamiste. Son engagement est grandement apprécié par ses voisins africains et par notre pays.

Pour toutes ces raisons, le réquisitoire de Kofi Yamgnane s’avère infondé et injuste. Au contraire de ce qu’il prétend, le Togo est sur la bonne voie.

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