Carburants toxiques : quatre pays d’Afrique de l’Ouest s’engagent à faire le ménage

Le Nigeria, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo, réunis à Abuja jeudi sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ont annoncé leur intention de limiter drastiquement la teneur en soufre autorisée dans le diesel, et ce à compter de juillet 2017. Des engagements volontaires qui interviennent trois mois après la publication du rapport « Dirty Diesel » par l’ONG Public Eye et qui doivent encore être suivis de faits.

Terminal pétrolier du port de Djibouti en novembre 2011 (image d’illustration). © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

Terminal pétrolier du port de Djibouti en novembre 2011 (image d’illustration). © Vincent FOURNIER/Jeune Afrique

Publié le 2 décembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Les engagements politiques pris imposent une limite de 50 ppm (parties par million) bien inférieure aux plafonds actuellement en vigueur.

La réunion est intervenue en présence de l’International Council on Clean Transportation, organisation américaine à l’origine du scandale sur les émissions de Volkswagen, la compagnie pétrolière Nigeria National Petroleum Corporation (NNPC), l’African Refiners Association (ARA), ainsi que des représentants de la CEDEAO.

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Le Ghana, qui était représenté lors de la réunion, « a décidé récemment d’abaisser à 50 ppm, contre 3 000 ppm actuellement, le plafond de concentration de sulfure inclus dans les carburants distribués sur son sol. Et avant lui, la Communauté d’Afrique de l’Est avait fait de même dès 2015. Les pays réunis à Abuja ont voulu prendre des engagements similaires », analyse Gian-Valentino Viredaz, spécialiste des Recherches en matières première au sein de l’ONG Public Eye.

« Dirty Diesel »

C’est cette dernière qui avait mis le feu aux poudres avec la publication en septembre du rapport « Dirty Diesel ».

L’ONG, anciennement nommée « La Déclaration de Berne », avait enquêté durant trois ans dans huit pays africains (dont la Côte d’Ivoire, le Mali, le Congo-Brazzaville, et le Sénégal). Elle avait conclu que la pollution observée dans les mégapoles du continent en grande partie liée à la forte teneur en sulfure dans le gazole et l’essence commercialisés par les traders – dont Vitol, Trafigura, Addax & Oryx Group (AOG) et Lynx Energy – qui dominent le marché africain à travers leurs filiales de distribution de carburant.

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En récupérant à la pompe différents carburants vendus dans les huit pays couverts par les traders suisses, et analysés par un laboratoire indépendant, Public Eye a mis en évidence dans les deux tiers des gasoils africains testés une teneur en sulfure au moins 150 fois plus élevée (1 500 parties par million [ppm]) que la limite autorisée en Europe (10 ppm), concentration très dommageable pour la qualité de l’air et pour la santé des habitants.

L’essence également en cause

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Le tableau n’était guère plus réjouissant pour l’essence, avec environ la moitié des échantillons testés présentant une teneur en sulfure équivalente à 15 à 72 fois la limite européenne. Public Eye n’avait toutefois pas testé les carburants d’autres grands distributeurs non-suisses, en particuliers ceux de Total, le leader sur le continent avec environ 20% des volumes écoulés.

Les plafonds de concentration de sulfure dans les carburants autorisés sont actuellement de 3 000 ppm au Nigeria et au Bénin, de 3 500 ppm en Côte d’Ivoire et 10 000 ppm au Togo.

Si elle entre en vigueur, la réduction de la concentration serait donc drastique. « Toute la question est de savoir si elle sera appliquée. Hier, les experts du PNUE étaient satisfaits du résultat, forts de leur expérience en Afrique de l’est où l’évolution des législations est d’abord passée par des engagements volontaires », anticipe Gian-Valentino Viredaz.

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