Que risque le Burundi à rejeter la commission d’enquête de l’ONU ?

Bujumbura persiste et signe : pas de collaboration avec la nouvelle commission d’enquête des Nations unies. Une position qui fait craindre de nouvelles mesures de la communauté internationale visant à renforcer la pression sur les autorités burundaises.

Alain Nyamitwe, ministre burundais des Affaires étrangères, à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2016, à New York. © Andres Kudacki/AP/SIPA

Alain Nyamitwe, ministre burundais des Affaires étrangères, à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 26 septembre 2016, à New York. © Andres Kudacki/AP/SIPA

Armel Bukeyeneza

Publié le 28 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Les mots sont forts. Le ton est dur : « Les experts des Nations unies ne fouleront pas le sol burundais », a tranché Bujumbura. Samedi 26 novembre, le rendez-vous était donné aux militants du régime et aux autorités pour venir manifester dans les rues de la capitale, dire au monde que la nouvelle commission d’enquête des Nations unies chargée de faire la lumière sur les crimes commis depuis avril 2015 est indésirable.

Une décision qui jette le doute sur l’avenir de la commission. « Si le gouvernement refuse sa venue, elle ne viendra pas parce que les autorités pourraient lui refuser l’accès au territoire », réagit Filip Reyntjens, président du Centre d’études de la région des Grands lacs à l’université d’Anvers, en Belgique. Et le professeur d’évoquer aussi un autre scénario, très « improbable » selon lui : « Je vois mal le Conseil de sécurité forcer l’entrée de la commission sous protection militaire en vertu du chapitre 7 de la Charte. Théoriquement c’est possible, mais improbable dans la pratique. D’autant plus que la Russie et la Chine utiliseraient leur véto ».

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Désengagement de l’UE

Le durcissement de ton des autorités burundaises continue à faire réagir les chancelleries occidentales. Un diplomate qui souhaite rester anonyme avance déjà l’intention de l’Union européenne de revoir son engagement financier en cas de statu quo. « Il est probable que l’UE prenne la décision le 17 mars 2017 de ne plus payer les militaires burundais qui sont en Somalie », dit-il.

Pour lui, Bujumbura se tire une balle dans le pied et son entêtement risque d’avoir d’énormes répercussions sur une économie déjà aux abois suite à la suspension de l’aide budgétaire. « Si le gouvernement continue à s’enfermer sur lui-même, l’Union européenne risque de se désengager des appuis de projets, après avoir déjà mis environ 55 millions d’euros dans la santé et l’énergie », prévient-il.

Pas de quoi inquiéter les autorités, apparemment. Evariste Ndayishimiye, secrétaire général du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, affirmait déjà samedi 26 novembre dans le sud du pays devant ses militants que le Burundi, ne fût-ce qu’avec ses eaux du lac Tanganyika, était un eldorado faisant vivre l’Occident.

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