Syrie : le régime pousse à Alep, assiégée dans les airs et sur terre

Les forces du régime syrien poursuivaient dimanche leur progression vers les quartiers rebelles d’Alep, sur lesquels se multiplient les frappes de l’aviation russe en soutien à la vaste offensive de Damas.

Des combattants syriens pro-régime empruntent une rue de la ville d’Alep ravagée par les bombardements, le 9 septembre 2016. © GEORGE OURFALIAN/AFP

Des combattants syriens pro-régime empruntent une rue de la ville d’Alep ravagée par les bombardements, le 9 septembre 2016. © GEORGE OURFALIAN/AFP

Publié le 2 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Sur le front diplomatique, les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et John Kerry se sont de nouveau entretenus samedi au téléphone à deux reprises pour tenter d’apaiser les tensions grandissantes entre les deux puissances, a indiqué Moscou.

Parallèlement, le chef des opérations humanitaires de l’ONU Stephen O’Brien a appelé dimanche à « une action urgente pour mettre fin à l’enfer sur Terre » que vivent les quelque 250.000 habitants des quartiers assiégés d’Alep. Car ces derniers sont confrontés à « un niveau de sauvagerie qu’aucun humain ne devrait avoir à supporter », selon lui.

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Dix jours après le lancement par le régime de l’opération pour reprendre totalement Alep, les combats se concentrent sur plusieurs quartiers périphériques de l’est de la ville contrôlée par les rebelles depuis 2012.

De violents affrontements opposent les troupes de Damas aux rebelles dans celui de Souleimane al-Halabi, situé sur la ligne de démarcation avec la partie gouvernementale de la ville, a indiqué dimanche l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui n’était pas en mesure de donner un bilan des pertes humaines. Les forces gouvernementales poussaient aussi depuis le nord, vers les quartiers de Boustane al-Bacha et Sakhour.

« Si elles les prennent, les forces rebelles seront confinées dans une petite partie dans le sud-ouest de la ville d’Alep », a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.

Cette ONG, qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs, a fait état de « dizaines de frappes aériennes russes » ayant « ciblé dans la nuit les zones de combat dans Alep ».

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Un correspondant de l’AFP dans Alep-Est a constaté que ces raids aériens s’étaient poursuivis sans discontinuer dans la nuit, malgré les appels de toutes parts à cesser le déluge de feu.

– Hôpital encore visé –

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De nouvelles protestations ont suivi le bombardement tôt samedi du plus grand hôpital des quartiers rebelles, pris pour cible pour la deuxième fois en une semaine.

L’hôpital a été frappé par deux barils d’explosifs, selon la Syrian American Medical Society (SAMS), dont l’un des responsables, Adham Sahloul, a évoqué des « informations sur l’utilisation d’une bombe à fragmentation ».

Un correspondant de l’AFP a vu des lits tâchés de sang, du matériel médical éparpillé et des vitres brisées.

« Le système de santé dans l’est d’Alep a été presque réduit à néant » car « les structures de soin sont touchées l’une après l’autre », a déploré M. O’Brien.

Le coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU a appelé les belligérants à permettre au moins l’évacuation des centaines de civils nécessitant des soins urgents.

L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a également appelé Damas et Moscou à mettre un terme « au bain de sang ».

Depuis le début de l’offensive sur Alep-Est, les bombardements du régime et de la Russie ont tué au moins 220 personnes selon l’OSDH.

La Russie et le régime sont accusés par les Occidentaux d’utiliser contre des zones civiles des armes comme des bombes antibunker, incendiaires et à fragmentation, normalement destinées à des cibles militaires. Moscou a balayé les accusations de « crimes de guerre » et assuré qu’il poursuivrait sa campagne de soutien au régime, entamée il y a un an.

– Nouvelle résolution ? –

Les efforts diplomatiques pour rétablir un cessez-le-feu en Syrie semblent complètement enlisés même si Washington et Moscou n’ont pas coupé les ponts en dépit de leurs profondes divergences.

Le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué dimanche que MM. Lavrov et Kerry avaient eu samedi soir « une nouvelle » conversation téléphonique. Aucun détail n’a été donné sur son contenu si ce n’est que les deux dirigeants avaient « discuté des actions communes possibles pour normaliser la situation à Alep », selon le ministère à Moscou.

Au cours d’un précédent échange, M. Lavrov avait de nouveau « souligné le caractère inacceptable des tentatives des opposants, pilotées par l’Occident, de traiter avec indulgence Al-Nosra et leur blocage des négociations sur un règlement politique de la crise », en allusion au Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a précisé samedi que Paris s’activait au Conseil de sécurité de l’ONU « pour mettre un coup d’arrêt » au « drame inacceptable » d’Alep.

Paris espère présenter lundi aux 15 pays membres du Conseil de sécurité un projet de résolution qui est discuté depuis vendredi par les ambassadeurs des cinq membres permanents. Il appelle au rétablissement du cessez-le-feu initié en septembre par un accord américano-russe, qui n’avait duré qu’une semaine.

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