Tunisie : le pays est « en état d’urgence économique », s’alarme le ministre de l’Investissement
Le ministre de l’Investissement Fadhel Abdelkéfi a tiré la sonnette d’alarme mercredi : selon lui, la Tunisie est en « état d’urgence économique », frappée par une croissance atone et des déficits publics grandissants.
Les chiffres donnent le tournis, et de violents maux de tête au gouvernement tunisien. Une croissance faible, réévaluée de 2,5 à 1,4% du PIB, un déficit public qui s’élève à 6,5% du PIB et une dette qui a plus que doublé en cinq ans : tous les voyants sont au rouge pour l’économie tunisienne. À l’occasion d’une rencontre organisée par la chambre de commerce tuniso-britannique, le ministre de l’Investissement Fadhel Abdelkéfi ne s’en est pas caché : la situation est alarmante, à tel point que le membre du gouvernement a déclaré que la Tunisie se trouvait en « état d’urgence économique ».
Principale explication de cette explosion de la dette publique selon lui, la très forte augmentation de la masse salariale des fonctionnaires depuis la révolution de 2011. En cinq ans, elle est passée de 6 milliards de dinars (2,5 milliards d’euros) à 13 milliards (5,3 milliards d’euros).
Une « loi d’urgence économique » pour les trois prochaines années
Dans une interview diffusée mercredi soir par la chaîne nationale, le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé qu’une loi dite « d’urgence économique » va permettre durant trois ans des facilités administratives pour les projets nationaux prioritaires qui ont une grande capacité de recrutement surtout dans l’intérieur du pays.
La Tunisie, qui a pâti de son instabilité post-révolutionnaire, compte sur la conférence des investisseurs des 29-30 novembre, en présence de plus d’un millier d’entreprises, pour améliorer son attractivité. Un nouveau code de l’investissement censé favoriser le climat des affaires entrera en vigueur au 1er janvier.
Nouveau plan d’aide auprès du FMI
L’unique pays rescapé des Printemps arabes est confronté à d’importantes difficultés économiques et de fréquents mouvements sociaux. Il a signé en mai un nouveau plan d’aide de 2,6 milliards d’euros sur quatre ans avec le Fonds monétaire international (FMI).
La Tunisie a aussi été le théâtre en 2015 et début 2016 d’une série d’attaques jihadistes sanglantes qui ont ravagé son secteur touristique. L’état d’urgence est en vigueur depuis 10 mois et a récemment été prolongé pour 30 jours.
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