Maroc : adoption des projets de loi sur la langue berbère et le droit de grève

Deux importants projets de loi sur le droit de grève et sur l’officialisation de la langue amazighe, parlée par les berbères, ont été adoptés lundi au Maroc. Cette adoption marque la fin de la réforme constitutionnelle lancée par le roi Mohammed VI en 2011, en plein Printemps arabe.

Le roi du Maroc Mohammed VI, le 8 avril 2016 à Rabat. © FADEL SENNA/AFP

Le roi du Maroc Mohammed VI, le 8 avril 2016 à Rabat. © FADEL SENNA/AFP

Publié le 27 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le conseil des ministres a adopté un projet sur « la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que sur les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs de la vie publique », affirme un communiqué du palais publié lundi soir. Le gouvernement a également acté une loi sur l’Institut royal de la culture amazighe (Ircam).

Il a ensuite examiné une seconde loi « fixant les conditions et les modalités d’exercice du droit de grève », ce qui constitue une première dans l’histoire du pays. Le texte encadre strictement ce droit, interdit pour de nombreux fonctionnaires, et limité par un service minimum dans beaucoup d’autres secteurs (santé, transport, audiovisuel, secteur de l’énergie, ramassage des ordures…). Le projet de loi a été très décrié par les syndicats, et son adoption pourrait envenimer encore davantage les relations avec le chef du gouvernement « devenues exécrables » après la réforme des retraites et des fonctionnaires, selon la presse locale.

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Réforme constitutionnelle

Après des manifestations déclenchées le 20 février 2011 pour réclamer des réformes démocratiques, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Égypte, Mohammed VI avait lancé en quelques semaines une réforme constitutionnelle prévoyant l’adoption avant fin 2016 d’une vingtaine de lois organiques touchant à tous les secteurs de la vie publique et institutionnelle.

Les projets sur le droit de grève et sur la langue berbère, qui ont suscité de nombreux débats dans le pays, restaient à adopter pour mettre un terme au processus. Ils doivent encore être avalisés par le Parlement qui sera renouvelé après des législatives organisées le 7 octobre.

Langue officielle

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La langue amazighe, qui se décline en trois principaux dialectes au Maroc,  avait été reconnue en 2011 comme langue officielle, au côté de l’arabe, dans la nouvelle Constitution. Mais cette démarche devait être encore concrétisée par l’adoption d’une loi organique. La loi définit notamment l’emploi de la langue amazigh dans l’administration, les collectivités territoriales et les services publics, son enseignement dans les écoles, son usage dans « l’information et la communication, la création culturelle et artistique ».

L’une des conséquences les plus notables de son officialisation a été l’apparition de l’alphabet tifinagh sur les bâtiments publics, au côté de l’arabe et du français. Depuis trois ans, une chaîne de télévision diffuse aussi en tamazight. Selon un recensement datant de 2004, huit millions de personnes, c’est à dire un quart des Marocains, parlaient quotidiennement l’un des trois dialectes berbères du pays.

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