Gabon : la validation de la victoire d’Ali Bongo Ondimba suscite des réactions mitigées au sein de la communauté internationale

Vendredi, la Cour constitutionnelle gabonaise a validé la victoire d’Ali Bongo à la très contestée élection présidentielle du 27 août. Une décision qui a suscité des réactions très froides au sein de la communauté internationale ces derniers jours.

Ali Bongo Ondimba, président du Gabon à Paris le 10 Novembre 2015. © Francois Mori/AP/SIPA

Ali Bongo Ondimba, président du Gabon à Paris le 10 Novembre 2015. © Francois Mori/AP/SIPA

Publié le 26 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la confirmation de la victoire d’Ali Bongo n’a pas provoqué un enthousiasme débordant chez les organisations et chefs d’État étrangers. Après la validation vendredi par la Cour constitutionnelle des résultats, les réactions se sont multipliées un peu partout en Afrique, en Europe ou encore aux États-Unis. Avec un point commun : dans leur grande majorité, ils sont restés très froids et mesurés.

Pour l’UE, les doutes subsistent sur les résultats dans le Haut-Ogooué

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Les premiers à réagir ont été les observateurs de l’Union européenne dépêchés sur place pour assurer le bon déroulement du scrutin et la transparence des résultats. Une mission loin d’être remplie, ce qui explique la réaction critique de Marya Gabriel, l’observatrice en chef. Cette dernière a en effet déclaré dimanche : « La Mission d’observation électorale regrette que la Cour constitutionnelle n’ait pas été en mesure de rectifier de manière satisfaisante les anomalies observées lors du recensement des votes », déplorant que « les doutes sérieux sur les résultats du Haut-Ogooué n’aient pas été levés de manière satisfaisante ».

En Europe justement, Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires Étrangères français, ne s’est pas privé de faire part de sa déception à la suite de la décision rendue par la Cour constitutionnelle : « La France constate que l’examen des recours n’a pas permis de lever tous les doutes », a-t-il déclaré dans la foulée. Côté américain, l’ambassade représentant Washington a donné dans le lapidaire, déclarant peu après la décision que « l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Libreville notait la décision de la Cour constitutionnelle gabonaise ».

Mutisme de la plupart des chefs d’État africains…

Comme au lendemain de l’élection, les chefs d’État du continent sont restés très discrets, même si Idriss Deby Itno, chef de l’État tchadien et actuel président de l’Union africaine, s’est exprimé. Sans plus d’enthousiasme, puisqu’il a simplement publié un communiqué affirmant que « le président de la république du Tchad, président en exercice de l’Union africaine Idriss Deby Itno, prend acte de la décision de la Cour constitutionnelle proclamant la victoire de Ali Bongo et invite toute la classe politique gabonaise au respect de la décision souveraine de la Cour constitutionnelle ». Même Mohammed VI, pourtant grand ami d’Ali Bongo, s’est contenté de « prendre acte » de la réélection de ce dernier.

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Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a néanmoins adressé ses « très vives et chaleureuses félicitations » au lauréat, en espérant que le « peuple gabonais reconnu pour sa tolérance et sa détermination construise son avenir dans une vision démocratique. » Le président sénégalais Macky Sall a de son côté souhaité à son « cher frère » ses « meilleurs vœux de réussite » pour le maintien « de la paix et du dialogue » au Gabon.

… et vives réactions du côté des médias et des citoyens

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En revanche, les citoyens et médias africains ont vivement réagi à l’annonce de la confirmation de la victoire d’Ali Bongo. Ainsi, Aujourd’hui au Faso dénonce l’incurie des deux camps opposés lors de l’élection : « opposants et gens du pouvoir gabonais se disputent le gâteau national. (…) Le Gabon est malade de toutes ces familles dont le métier est la politique et dont le pays a tout fait pour eux, mais qui se sont avérés de véritables sangsues pour la patrie. »  En Guinée, Ledjely.com n’est pas plus tendre avec Ali Bongo : « Ayant volé la légalité, il devra se préparer à affronter son manque de légitimité. »

Si l’actualité gabonaise passionne autant les autres nations africaines, c’est que les mécanismes qui sont à l’oeuvre à Libreville sont les mêmes dans beaucoup d’autres États voisins. C’est du moins l’analyse faite dans les colonnes de Liberté, au Togo : « La mascarade électorale gabonaise est typique de ce qui se passe dans nombre de pays africains francophones : le Togo, le Congo, le Tchad, le Cameroun etc. où les institutions impliquées dans l’organisation des élections sont toutes aux ordres du Palais. »

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