Tanzanie : des internautes condamnés pour insulte au président sur les réseaux sociaux

On ne plaisante pas avec John Magufuli. En tout cas plus sur les réseaux sociaux. Depuis l’adoption d’une nouvelle loi contre la cybercriminalité les Tanzaniens doivent se tenir sur Twitter ou WhatsApp, au risque de se voir condamnés à de la prison ferme.

Une femme tanzanienne marche devant un panneau d’affichage montrant le candidat à la présidentielle John Magufuli, le 26 Octobre 2015. © Khalfan Said/AP/SIPA

Une femme tanzanienne marche devant un panneau d’affichage montrant le candidat à la présidentielle John Magufuli, le 26 Octobre 2015. © Khalfan Said/AP/SIPA

Publié le 23 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Cette fois-ci il s’agit d’un professeur, arrêté pour « insulte au président » dans un message WhatsApp, selon la police tanzanienne citée par Reuters vendredi. La semaine dernière, ils étaient cinq à passer devant les juges après avoir critiqué le gouvernement dans des groupes de discussions WhatsApp, selon la presse locale. Depuis des mois, de plus en plus de Tanzaniens se voient arrêtés pour des messages postés sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook, Twitter et WhatsApp, largement utilisés dans le pays.

Tous ont affaire à la justice dans le cadre d’une loi anti-cybercriminalité adoptée par le gouvernement tanzanien en 2015, peu après l’arrivée au pouvoir de John Magufuli. Une loi, qui, selon les autorités, vise à encadrer les nouvelles formes de criminalité sur le net. Très décriée depuis son entrée en vigueur, elle punit les crimes commis sur la toile de peines pouvant aller jusqu’à un amende de 3000 dollars, et trois ans de prison ferme. Depuis un an, ils seraient une dizaine d’internautes à avoir été condamnés pour avoir publié « de fausses informations ».

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(Photographie d’un jugement rendu le 12 avril 2016 contre Emily Isaac pour  » avoir publié en connaissance de cause de fausses informations via un ordinateur sur Facebook, dans l’intention de diffamer ou insulter son excellence le président John Magufuli », publiée sur Twitter par un membre du parlement tanzanien)

La face cachée de John Magufuli

John Magufuli avait pourtant fait une entrée magistrale sur les réseaux sociaux dans les mois qui ont suivi son élection à la présidence de la république tanzanienne en octobre 2015. Surnommé « le bulldozer » pour ses mesures radicales contre la corruption, il était devenu une vedette sur twitter avec le hashtag #WhatwouldMagufulido (Que ferait Magufuli à ma place) utilisé par les internautes pour railler les économies drastiques du chef de l’État. Parmi elles, l’annulation de la fête nationale,  la suppression des indemnités de séance des députés, ou encore la réduction du budget des événements et déplacements officiels. Certains « twittos » souhaitaient alors que « l’effet Magufuli » ( #MagufuliEffect) se fasse ressentir hors des frontières de la Tanzanie.

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Mais dix mois plus tard, le ton a changé, et les internautes dénoncent une dérive autoritaire….

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(Nous sommes très rapidement passés de #QueferaitMagufuli à ma place à « Qu’est-ce que Magufuli est en train de faire ???)

Selon un article publié par l’ISS (Institut de Recherches sur la Sécurité en Afrique) cette semaine, le gouvernement de John Magufuli a également interdit plusieurs journaux et radios dans le pays ces derniers mois. Des éléments qui inquiètent investisseurs et organisations internationales, qui considèrent que le programme anti-corruption du président va trop loin. Selon Reuters,  l’agence américaine « Millenium Challenge Corporation » a ainsi annulé un financement de 500 millions de dollars destiné à la Tanzanie suite à des inquiétudes au sujet de la loi contre la cybercriminalité.

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