Ce jour-là : le 7 septembre 1997, Mobutu s’éteint loin du Zaïre

Le maréchal Mobutu n’aura pas survécu à la perte de son pays en mai 1997. Il s’éteint en exil au Maroc à la suite d’un cancer. Sa mort et son enterrement se font dans une discrétion qui contraste fort avec l’exercice du pouvoir qui le caractérisait.

Le lieutenant général Mobutu, président de la République du Congo en visite à Kutu, district du Mai-Ndombe, province de Bandundu est transporté en tipoy le 28 mars 1966 © JA ARCHIVES

Le lieutenant général Mobutu, président de la République du Congo en visite à Kutu, district du Mai-Ndombe, province de Bandundu est transporté en tipoy le 28 mars 1966 © JA ARCHIVES

Publié le 7 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Loin, très loin des bords du fleuve Congo et de sa ville natale de Lisala, le maréchal-fondateur zaïrois, désormais en exil, rend son dernier souffle le 7 septembre 1997 sur les côtes marocaines à Rabat. Mobutu n’aura pas fait long feu après la perte de « son pays ».

Cela faisait des années que Mobutu était gravement malade, atteint d’un cancer de la prostate. Le Zaïre des dernières années de son règne est à l’image de sa santé. Le pays est enlisé dans un processus de démocratisation depuis 7 ans et en proie à une foudroyante rébellion, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila, qui a causé sa chute.

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Le gargantua de la gloire, le monarque qui usait parfois de la troisième personne pour parler de lui-même, l’Ubu roi du Zaïre est enterré lors d’une cérémonie qui paraît bien étonnante comparée à ses trente années de règne. Une semaine après son décès, le 13 septembre, dans la plus simple discrétion Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu wa Zabanga (en français : le guerrier tout-puissant qui grâce à son endurance et son inflexible volonté vole de victoire en victoire et sème la désolation sur son passage), est inhumé dans le carré européen du cimetière de Rabat en présence de sa famille et de ses plus proches qui l’ont suivi dans son exil.

Chassé-croisé zaïrois

Sa fuite du Zaïre fut rocambolesque. Pressé par les troupes du Mzee, Laurent-Désiré Kabila, le léopard quitte Kinshasa le 16 mai en toute hâte pour son fief : Gbadolite. Le 17 mai, le Zaïre vit un chassé-croisé historique. Les troupes de l’AFDL entrent dans Kinshasa, alors plongé dans un calme sidérant. La veille, dans les profondeurs de la forêt équatoriale, à Gbadolite, l’avion de Mobutu décolle tout en essuyant des rafales tirées par des soldats de la rébellion.

Quelques heures plus tard, l’ex-homme fort zaïrois atterrit à Lomé, accueilli par un de égaux sur le plan de la longévité au pouvoir : Gnassingbé Eyadéma. L’escale à Lomé n’est pas trop longue. Le 23 mai, un autre exil l’attend.

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L’accès à sa demeure de villégiature, à Roquebrune-Cap-Martin, sur la french riviera lui est refusé par les autorités françaises. Mobutu n’ira donc pas se soigner et couler de vieux jours sous le soleil de Provence.

Son salut vient du souverain chérifien, Hassan II, qui l’invite à Rabat.  Mobutu Sese Seko est très affaibli par la maladie, un cancer de la prostate diagnostiqué en 1989, mais non-soigné. Ce n’est qu’en 1996 que Mobutu a entamé un traitement, le conduisant à quitter son Zaïre natal à plusieurs reprises pour les cliniques suisses et françaises. Le crépuscule de l’autocrate se fait en quelque sorte au ban des « grands hommes », sa mort ne suscite que peu de réactions dans les chancelleries, notamment occidentales.

Aujourd’hui, la tombe de l’ancien homme fort du Zaïre jouxte les sépultures anonymes de compatriotes migrants, morts noyés dans la méditerranée.

Et bien que la question du rapatriement en terre congolaise de la dépouille du chantre de la zaïrianisation soit régulièrement abordée, pour l’heure aucune disposition concrète ne laisse entrevoir une inhumation de Mobutu dans son pays natal.

Retrouvez ci-dessous l’article de Jeune Afrique publié dans le n°1914 le 10 septembre 1997. N’hésitez pas à agrandir la fenêtre pour un plus grand confort de lecture en cliquant sur le bouton en bas à droite.

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