Syrie : Daesh annonce la mort de son porte-parole, Abou Mohammed al-Adnani, tué près d’Alep

L’État islamique a annoncé mardi la mort de son porte-parole, le Syrien Abou Mohammed al-Adnani, tué en Syrie, dans la province d’Alep.

Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’État islamique, tué en août 2016. © Capture d’écran.

Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de l’État islamique, tué en août 2016. © Capture d’écran.

Publié le 31 août 2016 Lecture : 3 minutes.

« Après un long voyage couronné de sacrifices, cheikh Abou Mohammed al-Adnani a rejoint les martyrs et les héros ayant défendu l’islam et combattu les ennemis de Dieu », a indiqué, mardi 30 août l’État islamique dans un message relayé par son agence de propagande Amaq. Il est « mort dans la province d’Alep en inspectant les opérations militaires », a ajouté Amaq, sans préciser la date ni les circonstances de sa mort.

En début de soirée, le porte-parole du Pentagone Peter Cook a ensuite confirmé que « les forces de la coalition internationale antijihadiste ont mené aujourd’hui une frappe de précision près d’Al-Bab, Syrie, ciblant Abou Mohammed al-Adnani, l’un des plus hauts dirigeants de l’EI ».

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« Le retrait d’al-Adnani du champ de bataille porterait un nouveau coup important à l’EI », a poursuivi Peter Cook, qualifiant le jihadiste de « principal architecte des opérations extérieures de l’EI et porte-parole en chef de l’EI ». Selon lui, al-Adnani « a coordonné le mouvement des combattants de l’EI, encouragé directement les attaques par des loups solitaires sur des civils et des membres de l’armée, et activement recruté de nouveaux partisans ».

« Beaucoup plus » qu’un porte-parole

Abou Mohammed al-Adnani s’est illustré en exhortant les partisans de l’EI à passer à l’action dans leur pays d’origine en utilisant n’importe quelle arme disponible contre les ressortissants des pays de la coalition. Cet appel aurait notamment inspiré des attentats en Europe.

Un responsable américain de la Défense a cité à ce sujet plusieurs « opérations importantes » comme les attentats à Paris, à Bruxelles et à l’aéroport d’Istanbul, dans un café au Bangladesh ou encore contre un avion russe dans le Sinaï. Ces attaques ont fait au total, d’après cette source, plus de 1 800 morts et près de 4 000 blessés. Selon lui, al-Adnani était « beaucoup plus » qu’un porte-parole.

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Ministre des attentats

Originaire d’Idleb, dans le nord-ouest syrien, selon une biographie de l’EI, il s’était engagé dans le jihadisme au début des années 2000, prêtant allégeance au redouté chef d’Al-Qaïda en Irak Abou Moussab al-Zarqaoui, tué dans un raid américain en Irak en 2006.

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Al-Adnani est progressivement devenu un personnage important au sein du groupe, au point que les services de renseignements occidentaux avaient tendance à le considérer comme le « ministre des attentats », chargé de motiver des jihadistes isolés et de superviser des campagnes de terreur en Occident.

Dans un message audio diffusé en septembre 2014 par Al Furqan, le principal média de l’EI, il avait appelé à attaquer « les forces de police et de sécurité, les services de renseignement et leurs collaborateurs » en Occident. Ce même mois de septembre 2014, le gouvernement américain l’avait estampillé « terroriste international » et le département d’État a promis une récompense de 5 millions de dollars pour quiconque fournirait des informations « permettant de le traduire en justice ».

Un « grand coup » porté contre l’EI

Quelques semaines plus tôt, le 29 juin 2014, Al-Adnani avait annoncé dans un enregistrement audio « le rétablissement du califat » par l’EI et la désignation de son chef Abou Bakr al-Baghdadi comme « calife ». « Dans la mémoire collective jihadiste, Abou Mohammed al-Adnani restera celui qui a annoncé la restauration du Califat en juin 2014 », a commenté sur Twitter Romain Caillet, spécialiste français des mouvements jihadistes.

Pour l’analyste Charles Lister, expert du jihadisme, sa mort est « un grand coup » porté au groupe jihadiste. Autre expert des mouvements extrémistes, Aymenn Jawad Al-Tamimi, a estimé que sa disparition était « symboliquement importante et, plus largement, une indication du déclin de l’État islamique ».

« Si une frappe aérienne de la coalition l’a touché, cela montre que la pénétration des renseignements de la coalition est très élevée. Sinon, il n’aurait pas été possible d’éliminer autant de personnes de haut rang », a-t-il poursuivi.

De nombreux chefs tués

Début mai, le colonel américain Steve Warren, un porte-parole militaire de la coalition, indiquait que depuis début 2015, « plus de 40 cibles de haute valeur » de l’EI et d’Al-Qaïda en Irak et Syrie avaient été tués. En juillet, l’EI a annoncé la mort d’un de ses commandants influents, Omar al-Shishani dit « Omar le Tchétchène », près de Mossoul en Irak. Le Pentagone avait confirmé l’avoir visé, tout en restant prudent sur la réalité de sa mort.

Le 25 mars 2016, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter avait révélé « l’élimination » dans une opération américaine en Syrie d’Abdel Rahmane al-Qadouli, présenté par Washington comme le N.2 de l’EI. Le 6 mai, le chef du groupe jihadiste pour la province irakienne d’Al-Anbar, Abou Wahib, était également tué dans un bombardement de la coalition.

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