
Hiroyuki Ishige est président de l'Organisation japonaise du commerce extérieur. © DR
Hiroyuki Ishige, président de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro, Japan External Trade Organization), a répondu aux questions de "Jeune Afrique" sur la mise en oeuvre des promesses faites durant la 6e Conférence de Tokyo pour le développement en Afrique (Ticad VI), organisée les 27 et 28 août à Nairobi.
Jeune Afrique : Le gouvernement japonais a promis d’apporter 10 milliards de dollars sur les 30 milliards de dollars annoncés lors de cette Ticad VI. Cela sous-entend que le secteur privé doit contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars dans les trois prochaines années. Est-ce réalisable ?
Hiroyuki Ishige : C’est bien entendu possible mais nous allons devoir réaliser un effort très important. Et c’est très justement le rôle de JETRO de mettre à la disposition des entreprises japonaises des données et des informations fiables pour les supporter dans cette démarche.
L’ensemble des investissements réalisés jusqu’à présent par le secteur public japonais en Afrique représente environ 10 milliards de dollars. C’est près du double que le gouvernement japonais attend dorénavant de ses entreprises. La tâche s’annonce donc conséquente.
Il y a une volonté des groupes japonais d’adapter leur offre à la demande africaine.
Comptez-vous vous appuyer sur l’aide de pays tiers pour pénétrer certains marchés du continent où les entreprises japonaises sont encore peu présentes ?
C’est en effet la démarche que nous avons initié avec nos partenaires de Business France. Ils nous aident sur les marchés de l’Afrique francophones par exemple et nous leur apportons notre expertise pour travailler sur certains pays d’Asie. C’est un partenariat qui fonctionne très bien.
Nous avons le même type d’accord avec le DEIK (Conseil des relations économiques extérieures de la Turquie), avec lequel nous travaillons sur le Moyen-Orient.
Les entreprises japonaises sont très réputées pour la qualité de leurs produits, qui sont toutefois onéreux, notamment pour les consommateurs africains. Avez-vous noté un changement de stratégie chez certains groupes nippons pour « africaniser » leurs produits ?
Oui, je constate en effet une volonté – assez nouvelle – d’adapter notre offre à la demande du continent. C’est le cas dans l’agroalimentaire ou dans le secteur des deux roues, avec Yamaha par exemple qui commence à développer des motos typiquement pour l’Afrique. Certains, comme Kaneka propose des produits de beauté uniquement destinés au marché africain. Donc, oui, il y a un changement de stratégie, même si pour l’instant il concerne encore peu de compagnies.
Ne craignez-vous pas un effet après-Ticad qui verrait retomber l’intérêt des entreprises japonaises une fois l’événement terminé ?
Je ne pense pas. Je note au contraire un intérêt croissant de nos entreprises qui ont aujourd’hui conscience de l’intérêt pour elle de travailler dans une Afrique en pleine croissance.
Bien sûr, je leur ai rappelé que participer à la Ticad n’était pas une fin en soi et qu’elles allaient devoir poursuivre leur effort. Tout comme les pays africains, qui doivent continuer à se promouvoir auprès des compagnies japonaises. Tout le monde – à commencer par le JETRO, mais également les États du continent – doit faire en sorte que la dynamique actuelle ne retombe pas.
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