Tchad : les réseaux sociaux coupés depuis plus de trois mois

Depuis la réélection du président Idriss Deby Itno au mois d’avril, plus aucun réseau social n’est accessible par la voie habituelle au Tchad, dénonce l’association Trop c’est Trop. Le gouvernement invoque un problème technique.

Le président tchadien Idriss Deby Itno au palais présidentiel de N’Djamena le 20 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Le président tchadien Idriss Deby Itno au palais présidentiel de N’Djamena le 20 avril 2016. © Andrew Harnik/AP/SIPA

Publié le 22 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Cela fait plus de trois mois que l’accès aux réseaux sociaux (Facebook, Whatsapp, Twitter, Viber, etc.) est intégralement coupé au Tchad, constate Rémi Gamo, secrétaire général chargé des mobilisations au sein de la coalition Trop c’est trop, joint par téléphone par Jeune Afrique vendredi 22 juillet. L’accès avait déjà été interrompu plusieurs fois, mais depuis l’élection présidentielle contestée du 10 avril, c’est la « coupure nette », dénonce Rémi Gamo.

Plainte déposée contre Airtel et Tigo

la suite après cette publicité

Le 16 mai dernier, le Collectif tchadien contre la vie chère, une organisation membre de la coalition Trop c’est trop, a déposé plainte contre deux des principaux opérateurs de téléphonie mobile du pays, Airtel et Tigo, en raison des perturbations constatées pour accéder aux réseaux sociaux depuis le début de l’année. Le 14 avril dernier, une journée de mobilisation « sans téléphone » avait été organisée pour protester contre ces perturbations et réclamer le respect de la liberté d’expression.

Il est impossible de se connecter à Facebook, Twitter ou encore Whatsapp depuis ces deux opérateurs. En revanche, les SMS, censurés au lendemain du scrutin du 10 avril, passent de nouveau sur le réseau local depuis plusieurs semaines, constate Rémi Gamo. « Ces deux opérateurs ont coupé l’accès aux réseaux sociaux sur ordre du gouvernement », a dénoncé l’activiste dont les deux comptes Facebook qu’il a créés sous son identité ont été bloqués.

Le pouvoir réfute

Contacté par Jeune Afrique, Jean-Bernard Padaré, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS, parti au pouvoir) réfute ces accusations. « Ces perturbations sont liées à un problème technique, il n’y a aucune volonté politique derrière », a-t-il affirmé, évoquant notamment les relations entre l’Office tchadien de régulation des télécommunications (OTRT) – une autorité « autonome », a-t-il insisté – et les deux opérateurs.

la suite après cette publicité

Les VPN pour contourner l’interdiction

Malgré la coupure d’accès, Rémi Gamo se connecte sans problème aux réseaux sociaux grâce au téléchargement sur le web d’un logiciel de type VPN (réseaux privés virtuels). Celui-ci permet de se connecter depuis une adresse IP étrangère et contourner les interdictions d’accès imposées sur le réseau tchadien. « Avec le VPN, je me connecte sans problème », insiste-t-il. Un tunnel de contournement de l’interdiction qui est par ailleurs crypté et permet de surfer sur le web en toute liberté.

la suite après cette publicité

Selon le responsable de « Trop c’est trop », il est envisageable que la coupure d’accès aux réseaux sociaux soit levée après l’investiture au mois d’août prochain d’Idriss Deby Itno, réélu en avril pour un cinquième mandat.

L'eco du jour.

Chaque semaine, recevez le meilleur de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Vos ministres sont-ils actifs sur les réseaux sociaux ?

Contenus partenaires