Botswana : des yeux sur les fesses des vaches pour dissuader les lions

Les lions seraient-ils de grands timides ? Au Botswana, ils n’attaquent plus les vaches par l’arrière, lorsque des chercheurs dessinent des yeux sur les fesses de celles-ci. De quoi sauver le bétail, mais pas seulement…

Des chercheurs australiens ont entrepris de peindre des yeux sur les fesses des vaches pour dissuader les félins de les attaquer par l’arrière. © GLEZ

Des chercheurs australiens ont entrepris de peindre des yeux sur les fesses des vaches pour dissuader les félins de les attaquer par l’arrière. © GLEZ

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Publié le 20 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

On connaissait les tenues de camouflage les plus grotesques grâce auxquelles le chasseur espère être démasqué le plus tard possible par sa proie. On connaissait également la chasse au leurre où les chiens poursuivent un gibier fictif à l’odeur de cerf ou un lièvre fantoche treuillé à toute allure.

Objectif de ce simulacre : ressentir l’excitation de la traque sans provoquer de mise à mort. Si certains veulent éviter l’exécution tout en profitant de la chasse, d’autres tentent de court-circuiter carrément la chasse qui coûte tant aux éleveurs africains. Ainsi, c’est une expérience bien originale qui vient d’être tentée au Botswana, pour éviter que les vaches ne soient décimées par les lions.

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Des yeux sur les fesses des vaches

Dans ce pays d’Afrique australe, ce ne sont pas les chasseurs qui se déguisent, mais les proies qui se fardent. Ou plutôt ce sont les proies qui sont fardées par des chercheurs australiens. Ces derniers ont entrepris de peindre des yeux sur les fesses des vaches pour dissuader les félins de les attaquer par l’arrière. Et l’expérience semble fonctionner.

On connaissait, dans l’espèce humaine, l’effet tétanisant, sur la gent masculine, du regard féminin cerné de khôl. Face à ces croupes bovines « rimmelées », les lions botswanais, eux, se sentiraient repérés et abandonneraient automatiquement toute velléité de chasse.

L’idée n’est pas si farfelue. Elle est le résultat d’une longue observation de la nature par des scientifiques comme le responsable du projet « iCow », le biologiste Neil Jordan, qui avait constaté l’interruption des processus de chasse d’antilopes, dès lors que la proie identifiait la présence d’un félin. Pas si bête, le lion a conscience de miser autant sur l’effet de surprise que sur sa vigueur.

Voilà des perspectives d’emplois pour les diplômés des Beaux-Arts…

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Dans une autre sphère du règne animal, on connaît depuis longtemps l’astuce du faux regard, certains papillons échappant aux oiseaux grâce aux motifs d’yeux présents sur leurs ailes. D’ores et déjà, les premiers tests botswanais semblent encourageants : en 2015, pendant dix semaines, le tiers d’un troupeau de vaches a vu son postérieur maquillé. Trois vaches sans faux yeux ont été dévorées, tandis que leurs consœurs aux fesses ornées de pupilles en sont sorties indemnes. Voilà des perspectives d’emplois pour les diplômés des Beaux-Arts…

Comme la cause animale n’échappe pas aux divisions, on imagine déjà certaines chapelles pousser des cris d’orfraies, les félins n’ayant pas choisi d’être carnivores, la privation de leur dîner sur pattes apparaissant injuste et l’équilibre de la chaîne alimentaire risquant d’être violé. Pourtant, les lions africains devraient voir plus loin que le bout de leur museau. Ils sont actuellement inscrits sur la liste des espèces menacées, avec une population qui ne dépasserait plus 40 000 individus. Or, l’un de leurs prédateurs les plus féroces est le propriétaire de vache excédé. Que chacun devienne végétarien et les vaches seront bien gardées…

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