Tunisie : signature de « l’accord de Carthage » en vue d’un gouvernement d’union nationale

Un document censé ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement d’union en Tunisie a été signé mercredi au palais présidentiel en l’absence du Premier ministre Habib Essid, en rupture avec le chef de l’État et dont le sort semble scellé.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi. © Hassene Dridi/AP/SIPA

Publié le 13 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Hafedh Caïd Essebsi, fils du président de Nidaa Tounes, Beji Caïd Essebsi, nommé au poste du coordinateur général des structures, pose dans son bureau dans le siège du parti aux Berges du Lac, le 27 mai 2014. © Ons Abid pour Jeune Afrique
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Intitulé « Accord de Carthage », ce document, signé par diverses formations politiques ainsi que le patronat Utica et le syndicat UGTT, brosse un sombre tableau du pays sur les fronts économiques, sociaux et sécuritaires. Il intervient après plus d’un mois de pourparlers sous l’égide du président Béji Caïd Essebsi, auteur d’un appel surprise le 2 juin en faveur d’un « gouvernement d’union nationale ».

Les signataires doivent désormais s’entendre, dans un délai non précisé, sur la composition d’un tel cabinet et sur l’identité du Premier ministre, ce qui pourrait nécessiter encore plusieurs semaines.

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« État critique » du pays

L’initiative de M. Caïd Essebsi « a reçu un large soutien » et les priorités adoptées « font l’objet d’un consensus de la part de toutes les parties », a assuré dans un communiqué la présidence de la République. La démarche a été lancée « à un moment où la Tunisie connaît une crise politique, économique et sociale, et à la lumière des défis dans la lutte contre le terrorisme », a-t-elle ajouté.

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Au cours du mois écoulé, des formations d’opposition comme le Front populaire (gauche) et « Al Irada », parti de l’ancien président Moncef Marzouki, ont rejeté l’initiative. Mais la situation du pays la justifie pleinement, ont insisté les services du chef de l’État. La Tunisie est « entrée dans une étape critique avec la détérioration de la plupart des indicateurs économiques et la menace croissante du terrorisme », ont-ils argué, estimant que « l’étape écoulée » avait « vu une hausse du taux de chômage » et « la propagation de la corruption et de la contrebande ».

Vote de confiance de l’ARP

En présentant son initiative le 2 juin, Béji Caïd Essebsi n’avait pas écarté un maintien du Premier ministre Habib Essid. Mais la rupture semble consommée, d’autant que ce dernier était absent de la cérémonie de mercredi. Alors qu’il dit ne pas vouloir démissionner, son potentiel départ pourrait prendre du temps, la Constitution exigeant un vote en ce sens au Parlement.

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« Je pense qu’il préfère aller à l’Assemblée », a déclaré au terme de la cérémonie Béji Caïd Essebsi, 89 ans, en rendant hommage à un « homme intègre et travailleur ». “Nous n’imputons à personne la responsabilité de l’actuelle situation dans laquelle se trouve le pays. Il faut chercher une alternative. Nous ne parlons pas de personnes mais plutôt de politiques”, a-t-il ajouté.

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Sous le couvert de l’anonymat, une source gouvernementale a de son côté affirmé à l’AFP que « démissionner sous la pression » constituerait aux yeux de Habib Essid « un acte de désertion ». Cette source a par ailleurs vivement critiqué la démarche présidentielle, alors que le gouvernement commençait, selon elle, à enregistrer des résultats « concrets ».

« Quand on vient déstabiliser le gouvernement dans ce contexte, c’est une question d’intérêts sous la table », a-t-elle argué, en se référant notamment aux ambitions prêtées à Hafedh Caïd Essebsi, le fils du président et dirigeant du parti Nidaa Tounes.

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