RD Congo : qui sont les frondeurs du « G7 » qui s’opposent à Joseph Kabila ?

Ils ont soutenu Joseph Kabila avant de le lâcher. Certains étaient ministres, députés, voire conseiller spécial du président congolais. Zoom sur ces sept frondeurs qui sont passés du statut de proches collaborateurs à celui d’ennemis jurés du chef de l’État.

Les sept leaders du « G7 », le 10 octobre 2015 à Kinshasa. © Facebook/G7

Les sept leaders du « G7 », le 10 octobre 2015 à Kinshasa. © Facebook/G7

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Publié le 5 février 2016 Lecture : 4 minutes.

Trois lettres au chef de l’État, puis ils s’en vont. Après avoir envoyé à trois reprises – fin février, début mars et à la mi-septembre 2015 – des courriers à Joseph Kabila dans lesquels ils s’opposaient à toute tentative de prolongement du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président congolais, ils ont été déclarés « auto-exclus » de la coalition au pouvoir en RD Congo.

Mais depuis leur départ de la Majorité présidentielle (MP), « ils sont devenus une épine dans le pied du président Joseph Kabila », affirme une source diplomatique occidentale à Kinshasa. « Ils », ce sont les membres du « G7 », ces leaders de sept partis frondeurs de la coalition au pouvoir, désormais passés à l’opposition.

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Entre le camp resté loyal à Joseph Kabila et ce nouveau regroupement politique qui prône l’alternance démocratique, la guerre est ouverte et tous les coups permis. Au refus catégorique du « G7 » de participer au dialogue politique préconisé par le pouvoir, « Kinshasa répond par le musellement tous azimuts », commente un défenseur des droits de l’homme dans la capitale congolaise.

Katumbi, le « partenaire privilégié du G7 »

Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, dans le sud de la RDC. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

Moïse Katumbi, ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, dans le sud de la RDC. © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.

Dans la foulée de l’éjection du « G7 » de la MP, Moïse Katumbi, le très populaire et dernier gouverneur de l’ex-Katanga, a également claqué la porte du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de Joseph Kabila. Officialisant ainsi le bras de fer entre lui et le président sortant. D’autant que l’homme ne cache pas ses ambitions présidentielles.

« Moïse Katumbi est notre partenaire privilégié », nous confie l’un des membres du « G7 », n’écartant pas l’option de le désigner plus tard comme « le candidat commun des formations politiques composant la plateforme » pour la présidentielle prévue le 27 novembre 2016.

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Qui est qui et qui fait quoi au sein du « G7 »

  • Charles Mwando Nsimba, le président

Charles Mwando Nsimba, l’un des leaders du « G7 » en RD Congo. © Monusco

Charles Mwando Nsimba, l’un des leaders du « G7 » en RD Congo. © Monusco

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C’est Charles Mwando Nsimba, l’un des doyens de la politique congolaise – plusieurs fois ministre sous le régime de Mobutu, il a été aussi gouverneur du Grand Kivu, dans l’Est -, âgé aujourd’hui de 79 ans, qui est actuellement aux commandes de la machine « G7 ».  

Le 20 janvier, les services de sécurité l’ont empêché de se rendre dans son fief dans le sud-est du pays. Le chef du « G7 » y avait vu « un acte barbare du pouvoir à son encontre ».

  • Pierre Lumbi, le « président en attente » 

L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale (Charles Mwando Nsimba a démissionné lorsqu’il a quitté la majorité au pouvoir) n’est pas seul leader de la plateforme. L’on y retrouve également Pierre Lumbi qui fait office de « président en attente du G7 », la direction du regroupement politique étant tournante.

Tous les trois mois, la présidence du « G7 » tourne en effet entre les deux leaders. « Nous avons fait le choix de désigner comme présidents de notre regroupement le plus âgé d’entre nous [Charles Mwando Nsimba] et celui dont le parti compte plus d’élus dans le Parlement [Pierre Lumbi] », explique Christophe Lutundula, membre du « G7 ».

Pierre Lumbi, ancien conseiller spécial du chef de l’État en charge de la sécurité, est « l’autorité morale » du Mouvement social pour le renouveau (MSR), ancienne deuxième force politique de la coalition au pouvoir pour avoir raflé 32 sièges lors des législatives de 2011.

Passez la souris sur les barres pour voir le poids de chaque parti du « G7 » à l’Assemblée nationale de la RD Congo lorsque les frondeurs sont exclus de la majorité 

  • Christophe Lutundula en charge des questions institutionnelles

Christophe Lutundula, député congolais et membre du « G7 ». © Trésor Kibangula/J.A.

Christophe Lutundula, député congolais et membre du « G7 ». © Trésor Kibangula/J.A.

Au « G7 », les questions institutionnelles sont confiées au député Christophe Lutundula, chef de l’Alliance des démocrates pour le progrès (ADP). Sans doute à cause de son expérience en la matière. Lui qui a été notamment le deuxième vice-président du Haut conseil de la République-Parlement de transition (HCR-PT), aux côté de Mgr Laurent Monsengwo et premier président de l’Assemblée nationale entre 2006 et 2009.

  • Kamitatu et Edundu aux relations extérieures et avec les partenaires sociaux et politiques, Banza aux finances

Deux anciens transfuges du Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba dont le verdict du procès à la Cour pénale internationale est attendu le 21 mars, Olivier Kamitatu (Alliance pour le renouveau du Congo, ARC), ancien président de l’Assemblée nationale (2003-2007), et le député José Edundu (Parti démocrate chrétiens, PDC) s’occupent respectivement des relations extérieures et de celles avec les autres organisations politiques et sociales. Alors que les finances du parti sont confiées à Dany Banzaprésident de l’Avenir du Congo (ACO).

  • Kyungu wa Kumwanza chargé de la mobilisation

Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président fondateur de l’Unafec. © AFP

Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président fondateur de l’Unafec. © AFP

Quant à Antoine Gabriel Kyungu wa Kumwanza, seul leader du « G7 » à résider en province, la plateforme l’a chargé de la mobilisation des masses.

Ce n’est pas la première fois que ce fédéraliste convaincu se retrouve dans la fronde contre le pouvoir. Déjà en novembre 1980, il avait fait partie, avec l’opposant historique Étienne Tshisekedi, de 13 parlementaires qui avaient écrit une lettre ouverte à Mobutu Sese Seko, alors chef de l’État zaïrois, pour dénoncer les risques d’une dérive autocratique.

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