Yasser Ezzedine (CDCI) : « En Côte d’Ivoire, seulement 15 % à 25 % des besoins alimentaires sont couverts par la distribution moderne »

L’entrepreneur ivoirien d’origine libanaise, patron de la Compagnie de distribution de Côte d’Ivoire (CDCI), dévoile les objectifs de développement du groupe, dans un contexte de concurrence croissante marquée notamment par l’arrivée du géant français Carrefour.

Yasser Ezzedine est un entrepreneur ivoirien d’origine libanaise. © DR

Yasser Ezzedine est un entrepreneur ivoirien d’origine libanaise. © DR

Publié le 21 janvier 2016 Lecture : 3 minutes.

L’ancienne filiale d’Unilever (quatre enseignes : CDCI Gros, CDCI Demi-gros, King Cash et la franchise Leader Price), acquise en 2002 par Yasser Ezzedine, un entrepreneur ivoirien d’origine libanaise, a revu la composition de son capital fin 2014 et lance un nouveau plan de développement.

Son réseau de magasins a été multiplié par dix en passant de 12 magasins en 2002 à 127 en 2014, avec une présence tant dans les quartiers populaires d’Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Yasser Ezzedine répond aux questions de Jeune Afrique sur le développement à attendre du groupe dans les années qui viennent, en Côte d’Ivoire et en Afrique.

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Vous avez recapitalisé CDCI. Pouvez-vous préciser pour quelles raisons ?

La restructuration du capital est intervenue fin 2014. J’ai fait entrer un fonds d’investissements, Amethis Finance, et un professionnel de la distribution au Maroc, Label Vie. Ils détiennent une participation minoritaire de 35 %. Nous avions le choix entre plusieurs fonds d’investissements. Mais, j’ai préféré Amethis que je connaissais très bien.

On avait besoin de capitaux pour poursuivre notre développement, qui reposait sur la création de 10 magasins King Cash par an, et surtout pour atteindre un objectif de 200 magasins d’ici trois ans. L’arrivée des nouveaux actionnaires a permis une rationalisation de nos activités et l’introduction au sein de CDCI de nouvelles normes.

Nous allons nous positionner entre un supermarché de luxe et une boutique de quartier dans les magasins actuels et envisageons aussi d’en créer. L’année 2015 nous a permis de réaliser 145 milliards F CFA de chiffre d’affaires (environ 221 millions d’euros), en progression de 20 % par rapport à 2014.

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En quoi l’arrivée de nouveaux actionnaires change-t-elle la donne ?

En 2015, nous avons mis en place un nouvel organigramme qui prend désormais en compte les deux nouveaux actionnaires, qui ont été intégrés à l’exécutif de l’entreprise. Nous avons fait un tour de table l’an dernier pour injecter 25 millions d’euros dans le groupe. Nous étions tellement concentrés sur la restructuration que nous avons mis en stand-by le développement (6 magasins ont été créés en 2015 pour un investissement de 2 milliards F CFA), pour surtout peaufiner la nouvelle stratégie. Celle-ci est bâtie sur trois nouveaux concepts, trois modèles de la grande distribution.

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D’abord, le King Cash (une des enseignes de la CDCI) sera amélioré avec de nouveaux produits, l’agrandissement des rayons. Les Leader Price (une autre enseigne) seront eux aussi améliorés en mettant l’accent sur le concept de supermarchés avec du frais – les produits frais étant la spécialité des couches moyennes dont l’augmentation des moyens est palpable.

Quels sont vos grands projets de développement ? Sont-ils liés à l’arrivée de Carrefour et au développement de Prosuma sur le low-cost ?

Il y a de la place pour tout le monde. Le marché de la distribution moderne ne représente pour le moment que 15 M à 25 % à des besoins alimentaires. Carrefour n’est pas un concurrent pour nous, encore moins Prosuma. CDCI avait 132 magasins fin 2013. Nous sommes passés à 153 magasins début 2016.

Les principaux projets sont la construction de deux centrales d’achats, l’une à Abidjan sur 20 000 mètres carrés pour approvisionner le grand Abidjan et l’Est du pays, et la deuxième sur 10 000 mètres carrés à Yamoussoukro pour le reste de la Côte d’Ivoire. Ce qui portera le parc de centrales d’achats à quatre, ce qui est suffisant pour avoir une couverture exhaustive.

L’un de nos gros chantiers sera également la rénovation et la réhabilitation des supermarchés et magasins. Le projet de construction d’environ 10 magasins (King Cash, CDCI et Leader Price) est envisagé dans les prochains mois. L’investissement nécessaire sur ce volet se situe autour de 10 milliards F CFA, financés sur fonds propres, et par crédit bancaire.

Qu’en est il de votre projet d’implantation hors de la Côte d’Ivoire ?

CDCI n’a pas abandonné son projet d’implantation dans la sous-région, notamment au Nigeria, au Burkina Faso ou au Mali. Ce projet est toujours d’actualité. Cela se fera dans deux ans, mais le processus peut être accéléré si nous avons une opportunité d’acquisition d’une chaîne de supermarchés ou d’un réseau de distribution, ou enfin si nous obtenons un titre foncier.

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