À Madagascar, le procès de 37 personnes pour lynchage se poursuit

Le procès des 37 personnes poursuivies dans l’affaire du lynchage de deux Européens et d’un Malgache sur une île touristique de Madagascar en 2013 doit reprendre mardi.

Des forces de sécurité sur l’île de Nosy Be, après le lynchage de trois hommes le 4 octobre 2013 à Madagascar. © AFP

Des forces de sécurité sur l’île de Nosy Be, après le lynchage de trois hommes le 4 octobre 2013 à Madagascar. © AFP

Publié le 6 octobre 2015 Lecture : 2 minutes.

L’affaire a tout juste deux ans. Le 3 octobre 2013, dans la matinée, une foule de plusieurs centaines d’habitants en colère s’était alors déchaînée contre les deux Européens, le Français Sébastien Judalet et le Franco-Italien Roberto Gianfala à Nosy Be, dans le nord de Madagascar. Les deux hommes avaient été tabassés à coups de rondins puis brûlés sur une plage, des habitants les accusant d’actes pédophiles et du meurtre de Chaino, un petit Malgache de 8 ans. Quelques heures plus tard, la foule avait lancé une chasse à l’homme pour attraper l’oncle de la victime, qui avait également été frappé puis brûlé.

37 prévenus dont 35 civils et deux gendarmes – sont poursuivis pour vandalisme, non assistance à personne en danger, et séquestration et assassinat. Tous plaident non coupable et 33 d’entre eux sont actuellement en détention provisoire.

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Lundi 4 octobre, le procès s’est focalisé sur les actes de vandalisme commis les 2 et 3 octobre 2013 contre la gendarmerie et les maisons de gendarmes à Nosy Be par la foule exaspérée devant les recherches infructueuses pour retrouver le petit Chaino. Dix-neuf des accusés, parmi lesquels des vigiles et des menuisiers, sont poursuivis pour vandalisme.

« J’ai été arrêté une semaine après les faits. Je suis victime d’une dénonciation calomnieuse par des personnes jalouses », a déclaré en malgache l’un des accusés, Herman Albert Tombo, 37 ans. Les accusés ont comparu alignés par quatre et menottés par deux pour certains d’entre eux.

« Le lynchage est à l’opposé de la culture malgache »

« Personne n’a été pris en flagrant délit. Les gendarmes n’ont pas osé affronter la foule et ont préféré arrêter les personnes en dehors de la foule, les observateurs », a affirmé l’un des avocats de la défense, Me Jacky Razafimandroso. « Le lynchage est à l’opposé de la culture malgache. Notre culture interdit même l’incinération de cadavres », a déclaré lundi devant le tribunal le représentant du procureur général, Jean de Dieudonné Andrianaivoson.

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Ce mardi 6 octobre, les autres personnes accusées de vandalisme seront entendues mardi, avec, si la cour a le temps, celles poursuivies pour le lynchage des trois victimes. Les gendarmes, accusés de non assistance à personne en danger, témoigneront en dernier.

Des vidéos prises par la foule lors du drame doivent être projetées lors du procès. « Juridiquement, la loi malgache n’accepte pas encore les preuves par vidéo, mais on peut l’utiliser et demander aux accusés s’ils confirment ou contestent leur apparition dans la vidéo », a déclaré l’avocat des deux gendarmes, Me Christian Raoelina.

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Le procès devrait durer plusieurs jours. « On a prévu à l’origine trois jours, mais à l’allure où vont les choses, il se pourrait que cela soit prolongé d’une journée. On ne veut pas aller à la va-vite. On doit avoir une audience équitable », a déclaré Jean de Dieudonné Andrianaivoson. Le verdict pourra être rendu dans la foulée du procès ou être mis en délibéré.

Roberto Gianfalla, un ancien cuisinier de 50 ans d’Annecy, ville des Alpes françaises, résidait à Madagascar au moment du drame. Sébastien Judalet, 38 ans, travaillait comme chauffeur de bus pour la Régie des transports parisiens (RATP) et se rendait régulièrement en vacances à Madagascar. La justice française l’a lavé de tout soupçon de pédophilie.

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