Algérie : la succession de Bouteflika, c’est maintenant

Le départ du général Toufik laisse en théorie le président Bouteflika et son entourage seuls à la tête du pouvoir. Ils auront désormais toute latitude pour préparer la succession du chef de l’État après la prise de contrôle totale sur l’armée et ses services de renseignements.

Abdelaziz Bouteflika, le 15 juin 2015 à Alger. © Alain Jocard/AFP

Abdelaziz Bouteflika, le 15 juin 2015 à Alger. © Alain Jocard/AFP

Publié le 15 septembre 2015 Lecture : 2 minutes.

Après seize ans à la tête de l’État, Abdelaziz Bouteflika « est aujourd’hui seul sur la scène », résume le politologue Rachid Grim, au lendemain de l’annonce de la mise à la retraite de celui que l’on a longtemps surnommé le « Dieu de l’Algérie » – le général Toufik, chef du renseignement algérien pendant 25 ans. « Maintenant, on passe à la deuxième étape […] il se prépare à laisser le pouvoir mais en contrôlant sa propre succession », poursuit le politologue.

Signe du choc qu’il a provoqué à Alger, le limogeage du tout-puissant patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) depuis un quart de siècle a fait lundi la une de toute la presse, qui titrait sur « la fin d’une époque ». Pour quelle finalité ? s’interrogent les commentateurs. Le scénario a-t-il été écrit par Bouteflika lui-même malgré sa maladie, ou par ses proches, notamment son frère Saïd, discret conseiller à qui l’on prête d’immenses pouvoirs et même des ambitions présidentielles ?

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Long processus

« Bouteflika prend des conseils mais décide lui-même malgré sa maladie parce que personne ne connaît le sérail autant que lui », assure un ancien fonctionnaire de la présidence sous couvert d’anonymat. « L’après-Bouteflika n’est en tout cas pas loin même si son clan, avec à sa tête son frère Saïd, détient tous les pouvoirs », estime le Quotidien d’Oran. Quant à Bouteflika, toujours affaibli par la maladie, il avait affirmé en juillet qu’il souhaitait finir son quatrième quinquennat qui court jusqu’en avril 2019.

La restructuration du DRS est passé à l’étape supérieure avec le départ du général Toufik et achève la première étape de la prise de contrôle par Bouteflika de l’armée et de ses services de renseignement considérés comme les détenteurs du pouvoir réél, la présidence et le gouvernement n’étant qu’un pouvoir de façade, estime Rachid Grim.

« Il s’est tracé un scénario qu’il est en train de mettre en oeuvre, faisant du DRS une coquille vide » depuis fin 213, en le dépouillant de très nombreuses missions. Ces dernières ont été confiées au chef de l’état-major, le général Ahmed Gaïd Salah, promu à ce rang par Bouteflika qui avait congédié en 2004 l’ancien homme fort de l’armée algérienne, le général Mohamed Lamari.

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Protéger les siens

Pour lui, le renvoi du général Toufik « n’est pas le résultat d’une décision hâtive » mais « l’aboutissement d’un long processus entamé par Bouteflika dès son arrivée » à la présidence en 1999. Il avait tout de suite averti qu’il ne serait pas un « trois quarts de président ». « Bouteflika n’est pas Bourguiba », l’ancien président de Tunisie, qui a été destitué par Zine el-Abidine Ben Ali en 1987, souligne le politologue.

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« Bouteflika veut juste mettre ses proches à l’abri d’éventuels règlements de compte » après son départ, mais ne prépare pas la succession de son frère, estime Rachid Grim. Âgé de 58 ans, Saïd Bouteflika, ancien syndicaliste et ancien professeur à l’université des sciences et de la technologie d’Alger, a rejoint la présidence comme conseiller spécial à l’élection de son frère aîné en 1999.

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