Mali : que se passe-t-il à Anéfis ?

L’accord de paix d’Alger, ratifié le 20 juin, peinait déjà à s’appliquer. Mais l’attaque de la localité stratégique d’Anéfis par le Gatia, une milice pro-Bamako, a conduit les ex-rebelles de la CMA à suspendre leur participation au processus de pacification. Décryptage d’une situation complexe.

Le général Gamou, fondateur du Gatia, en février 2013, à Gao. © Émilie Régnier pour J.A.

Le général Gamou, fondateur du Gatia, en février 2013, à Gao. © Émilie Régnier pour J.A.

Publié le 28 août 2015 Lecture : 3 minutes.

Que s’est-il passé le 15 août à Anéfis ?

Selon les informations recueillies par Jeune Afrique, le Gatia, milice imghad pro-Bamako, a attaqué le 15 août la ville d’Anéfis. Une localité stratégique, notamment pour le contrôle de trafics en tous genres (drogues, armes…), située à une centaine de kilomètres de Kidal et jusqu’ici contrôlée par les ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

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« Au cours des jours précédents, les hommes du Gatia se sont positionnés dans la ville d’Amassine, à 90 km de Kidal, puis ont foncé en direction d’Anéfis. Pour nous, aucun doute, c’est le Gatia qui a attaqué le premier », glisse une source au sein du service de renseignements de la Minusma.

Qui contrôle désormais Anéfis ?

Depuis deux semaines, le statut quo prévaut. Si le Gatia a un temps fait savoir qu’il quitterait la ville à condition que la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, prenne le contrôle de la localité avec l’armée malienne, son retrait n’était pas encore acté vendredi.

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Conséquence, la situation est toujours au point mort. Arnauld Akodjenou, représentant spécial adjoint du Secrétaire général de la Minusma, a donc appelé jeudi le gouvernement à faire pression sur les groupes armés présents à Anéfis. « Les propositions de sortie de crise [discutées les 24 et 25 août, ndlr] avaient reçu l’aval du gouvernement« , a souligné Arnauld Akodjenou lors d’une conférence de presse organisée jeudi par la Minusma à Bamako.

Quelles conséquences sur l’accord ?

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L’attaque d’Anéfis est la première violation du cessez-le-feu arraché le 20 juin après de longs mois de négociations. Conséquence, la CMA a suspendu dimanche sa participation au comité de suivi de l’accord de paix d’Alger. Le lendemain, un représentant de la CMA faisait savoir que la rébellion reviendrait à la table des négociations si les combattants du Gatia quittaient Anéfis et si le gouvernement malien stoppait son soutien à certains groupes armés. Autre condition : que la question d’Anéfis soit examinée en priorité par le comité de suivi de l’accord.

Ce qui fût le cas les 24 et 25 août, a assuré jeudi la Minusma. « Le problème d’Anéfis a pourri l’ambiance, a reconnu Arnauld Akodjenou. Rassurez-vous, à la session de clôture, il y avait la participation de la coordination, tout le monde était là. »

Sans donner plus de détails, Arnauld Akodjenou a indiqué que plusieurs points de résolution de crise ont alors été « adoptés par le gouvernement et la CMA ». Mais la Plateforme – coalition des groupes armés soutenant le gouvernement – se donne encore le droit de rééxaminer certaines décisions.

Quelle est la situation sécuritaire ?

Les représentants de la Minusma l’ont encore répété jeudi : au-delà de la résolution de la crise d’Anéfis, leur objectif est désormais de prévenir une autre incursion dans cette zone contrôlée par la CMA. « Des mécanismes de dissuasion sont en train d’être considérés« , a affirmé le représentant spécial adjoint de la Minusma.

La mission onusienne a par ailleurs annoncé un renforcement des dispositifs déployés pour protéger les populations locales. « Nous avons pris des dispositions sécuritaires à Anéfis mais aussi à Kidal. Nous avons jugé utile d’instaurer vingt kilomètres de rayon sécuritaire autour de Kidal. Ce sont des mesures certes provisoires, mais qui restent jusqu’aujourd’hui en vigueur », a de son côté précisé le général Oumar Bikimo, commandant en chef adjoint de la Minusma.

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