Burkina : Zida, le RSP et les rumeurs de complots contre la transition

Une nouvelle crise oppose le régiment de sécurité présidentielle (RSP) au Premier ministre de transition. Cette fois, c’est l’interpellation de trois officiers de la garde présidentielle, suspectés d’avoir voulu arrêter Zida à son retour de Taïwan, qui a failli mettre le feu aux poudres.

Isaac Zida, l’ancien chef du gouvernement burkinabè de transition. © AFP

Isaac Zida, l’ancien chef du gouvernement burkinabè de transition. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.

La crise entre le régiment de sécurité présidentielle (RSP) et Isaac Zida était censée être réglée. Elle a brutalement ressurgi, sous forme de tirs entendus lundi 29 juin au soir dans la caserne Naba Koom, fief du régiment situé derrière le palais présidentiel de Kosyam. Depuis quelques heures, la situation était très tendue dans le camp de l’unité d’élite burkinabè. En cause : l’interpellation, vers 12h00, de trois de ses officiers, dont son chef de corps, le lieutenant-colonel Coulibaly.

Conduits au groupement de gendarmerie de Ouagadougou, les trois hommes étaient suspectés par les gendarmes d’avoir voulu arrêter le chef du gouvernement à son retour, la veille, d’un voyage officiel à Taïwan. Entendus pendant plus de quatre heures avant d’être relâchés, les intéressés démentent en bloc. « Je ne savais même pas que le PM (le Premier ministre, NDLR) rentrait dimanche soir. Et lundi on nous accuse d’avoir voulu l’arrêter ? C’est absurde », confie l’un d’eux.

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Rumeurs de « vrai-faux » complot

Le scénario exact de ce « vrai-faux » complot contre Zida est encore méconnu. Un capitaine du RSP aurait prévenu le chef de sécurité du Premier ministre, avant leur départ de Taïwan, d’une rumeur d’arrestation du chef du gouvernement à son retour au Burkina. En conflit ouvert avec son ancien régiment pour avoir envisagé sa dissolution au début de la transition, ce dernier atterri finalement sans problème, mais sur la piste militaire de l’aéroport de Ouagadougou. Le lendemain, les trois meneurs présumés, dont le lieutenant-colonel Coulibaly, sont interpellés par les gendarmes.

Lundi après-midi, ne voyant pas revenir leurs supérieurs au camp Naba Koom, les militaires du RSP commencent à trépigner. En début de soirée, les chefs du régiment finissent par convoquer leurs troupes pour montrer que les trois officiers interpellés ont bien été relâchés. Soudain, des tirs résonnent au-dessus de la petite foule réunie sur la place d’armes. « Ce sont des membres du régiment proches de Zida qui ont tiré pour semer la confusion, affirme un officier supérieur du RSP. Nous avons arrêté cinq personnes, qui entretiennent toutes de bons rapports avec le Premier ministre. Nous avons même retrouvé des échanges de SMS avec lui dans leurs téléphones. » En attendant de s’expliquer à leur hiérarchie, ces hommes ont été mis aux arrêts.

« Nous marchons sur des œufs »

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Les responsables du RSP en sont convaincus : l’entourage de Zida a monté toute cette histoire pour les neutraliser ou les pousser à la faute. Visiblement remontés contre leur ancien frère d’armes, le lieutenant-colonel Céleste Coulibaly et le colonel-major Boureima Kéré (son prédécesseur, devenu chef d’État-major particulier du président) ont été reçus mardi matin par le président Michel Kafando et l’ancien chef de l’État Jean-Baptiste Ouédraogo au palais de Kosyam. Les deux hommes ont affirmé que le Premier ministre avait un comportement déstabilisateur et qu’il menaçait le bon déroulement de la transition. Ils ont aussi réclamé sa démission et celle des autres militaires présents dans le gouvernement – au premier rang desquels Auguste Denise Barry, le ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité – pour les remplacer par des civils. Selon plusieurs officiers du RSP, Zida et ses proches tenteraient de créer des troubles afin de se maintenir au pouvoir au delà du 11 octobre, date des élections devant mettre fin à la transition.

Mardi après-midi, le calme semblait de retour à Naba Koom. « Les hommes sont très énervés mais nous faisons tout pour les contrôler et les empêcher de sortir du camp. Nous marchons sur des œufs, la moindre étincelle pourrait mettre le feu aux poudres », lance un officier supérieur. Contactés par Jeune Afrique, plusieurs proches du Premier ministre n’ont eux pas souhaité s’exprimer sur ce nouveau conflit avec le RSP.

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