Ouganda : Amama Mbabazi, l’homme qui défie Museveni

L’ancien Premier ministre ougandais, Amama Mbabazi, a annoncé lundi sa candidature à la présidentielle de 2016 en Ouganda. Il devrait y affronter le président sortant, Yoweri Museveni. Son ancien compagnon d’armes pendant 40 ans.

Amama Mbabazi a annoncé officiellement, lundi 15 janvier 2015, sa candidature à la présidentielle 2016. © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA

Amama Mbabazi a annoncé officiellement, lundi 15 janvier 2015, sa candidature à la présidentielle 2016. © Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA

Publié le 17 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Pendant 28 ans, John Patrick Amama Mbabazi a été l’une des personnalités les plus influentes du régime de Yoweri Museveni. Nommé Premier ministre en 2011, il a été limogé en septembre 2014 par le chef de l’État, vraisemblablement en raison de son ambition présidentielle notoire. Mais avant que la lune de miel ne prenne fin entre les deux hommes, Mbabazi s’est construit un solide pedigree, notamment comme ministre de la Sécurité (2006-2011), ministre de la Défense (2001-2006) et Procureur général (2004-2005).

Amama Mbabazi, issu du sud de l’Ouganda comme Museveni, a fait ses premières armes en politique sous le régime d’Idi Amin Dada. Encore étudiant en droit à l’université de Makerere, il a joint les rangs du Fronasa en 1974, le Front du salut national fondé par Museveni deux ans plus tôt pour libérer le pays du dictateur, avant de cofonder le Mouvement de résistance nationale (MRN, au pouvoir) au début des années 80. Exclu de son parti il y a un an, Mbabazi ne possède plus, à 66 ans, que son siège de député de Kinkizi Ouest, il a été élu en 1996.

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Quel programme?

La prochaine élection doit « insuffler un nouveau souffle dans notre système gouvernemental, un système devenu faible et inefficace », a-t-il expliqué dans une vidéo mise en ligne pour annoncer officiellement sa candidature à la présidentielle de 2016. Mais derrière son slogan « Go forward » (« Aller de l’avant ») et le logo d’une grue royale en plein vol, le programme d’Amama Mbabazi ne propose pour l’heure rien de bien original (« revigorer la démocratie et ses institutions », « attirer des investissements locaux et étrangers », « fournir des emplois adaptés au 21e siècle », améliorer la santé et l’éducation, etc).

Branché réseaux sociaux

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Comment Museveni avant lui, Amama Mbabazi a compris l’influence d’internet et il monte en puissance sur les réseaux sociaux, bien avant que la campagne officielle ne commence. Depuis déjà quelques semaines, il y distillait des indices sur l’annonce de sa candidature. C’est l’un des politiciens africains les plus populaires et actifs de la twittosphère, avec à son actif près de 4 000 tweets et plus de 84 000 abonnés.

Capture d'écran de son compte Twitter. © @AmamaMbabazi/Twitter

Capture d'écran de son compte Twitter. © @AmamaMbabazi/Twitter

Sur Facebook aussi, le rival déclaré de Museveni est assez populaire. Plus de 37 000 personnes « aiment » sa page qui s’avère déjà une véritable plate-forme de campagne.

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Un candidat sous pression

Sa candidature dérange. À peine quelques heures après son annonce, le domicile d’Amama Mbabazi a été encerclé par les forces de sécurité, selon les déclarations de sa femme Jacqueline Mbabazi à l’AFP. « Des membres armés des forces de sécurité ont encerclé notre résidence, mais nous les avons maintenus à distance grâce à nos propres gardes. La situation est tendue », a-t-elle expliqué.

Des affiches de sa candidature, installées lundi, ont été saccagées et d’autres retirées par les policiers. Dans la foulée, des militants pro-Mbabazi ont été arrêtés à Soroti avec du matériel de campagne : affiches, t-shirts et casquettes. Avant les dates officielles déterminées par la commission électorale, il serait interdit de faire campagne en Ouganda, rapporte Daily Monitor.

En attendant, Amama Mbabazi devra d’abord se présenter devant les militants de son parti, le Mouvement de résistance nationale, qui avait déjà annoncé la candidature de Yoweri Museveni. S’il perd cette mini-primaire, il devra concourir sous la bannière d’un parti d’opposition ou comme candidat indépendant.

Les candidatures officielles à la présidentielle sont attendues en octobre pour ce que Mbabazi décrit comme « l’élection la plus importante en une génération. »

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