Figures algéroises

Ils avaient 10 ans ou 20 ans au moment de la guerre d’indépendance. L’héroïsme, les mots ou la carrière de ces natifs de la capitale ont fait d’eux des symboles. Portraits.

Mohamed Benmeradi est le premier fils de Bab el-Oued à entrer dans le gouvernement. © AFP

Mohamed Benmeradi est le premier fils de Bab el-Oued à entrer dans le gouvernement. © AFP

Publié le 24 avril 2011 Lecture : 3 minutes.

Alger dans tous ses états
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Abdelmadjid Meskoud

Le poète amoureux du Hamma

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Autodidacte, il n’a fréquenté ni le conservatoire ni les prestigieuses écoles de musique d’Alger, il est ce que les Algérois appellent un moulou’e, à mi-chemin entre inspiré et transi. Né à El-Hamma, dans le quartier populaire de Belcourt (aujourd’hui Belouizdad), il y a cinquante-huit ans, cet amoureux du verbe et du outar a écrit, au milieu des années 1980, une chanson devenue l’hymne des Algérois. Ouled el-assima ouine (« Que sont les enfants de la capitale devenus ? ») est un texte nostalgique du vieil Alger, déclamé sur une langoureuse mélopée chaabi. Avec le réaménagment du Hamma, vidé de ses maisons et de ses usines, une partie de son histoire s’écroule sous les bulldozers qui rasent le quartier. Un triste épisode, qui a inspiré ce qui deviendra l’oeuvre de sa vie.

Mohamed Benmeradi

Un fils de Bab el-Oued au gouvernement

Mohamed Benmeradi n’est sans doute pas le premier énarque (promotion 1976) à faire partie du gouvernement. En revanche, à tout juste 57 ans, il peut se prévaloir d’être le premier fils du mythique et populaire quartier de Bab el-Oued – où il étudie jusqu’au secondaire – à être nommé ministre. Et il ne l’a pas volé. Homme de dossiers, non engagé en politique (« Mon seul parti est la République », ne cesse-t-il de répéter), ce parfait technocrate a eu la chance, au début de sa carrière de haut fonctionnaire, en 1978, de croiser Rabah Bitat, grande figure de la lutte de libération, alors président de l’Assemblée populaire nationale (APN). Ce dernier fait de l’énarque un parfait commis de l’État, notamment en tant que directeur général du Domaine national. Le 28 mai 2010, Mohamed Benmeradi entre au gouvernement par la grande porte et devient ministre de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement.

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Djamila Bouhired


Djamila Bouhired a échappé à la guillotine grâce à Me Jacques Vergès.
© Ali Dia/AFP

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Icône de la bataille d’Alger

Héroïne de la bataille d’Alger, arrêtée dans la Casbah, torturée et condamnée à mort par les autorités coloniales en 1957 – elle n’a alors que 22 ans –, Djamila Bouhired a inspiré le cinéaste égyptien Youssef Chahine pour son film Djamila l’Algérienne, réalisé en 1958. C’est grâce à la campagne médiatique menée par son avocat Jacques Vergès (qu’elle épousera en 1965) qu’elle échappe à la guillotine. À l’indépendance, elle boude ostensiblement les allées du pouvoir, où se bousculent alors ses anciens compagnons de lutte. Portée par l’euphorie révolutionnaire, Djamila s’engage dans le soutien des mouvements de libération, anime l’hebdomadaire Révolution africaine, et finit par prendre définitivement ses distances avec la chose publique à la fin des années 1960. Quarante ans d’anonymat plus tard, elle reste l’icône d’Alger.

Mohamed Lamari


Mohamed Lamari est un "janviériste" influent.
© Raveendran/AFP

Le plus politique des hauts gradés

Né en juin 1939 à Bab Djedid, à l’entrée ouest de la Casbah, Mohamed Lamari est sûrement l’Algérois le plus influent du pays. Jeune officier, il a abandonné l’uniforme français pour rejoindre en 1961 les indépendantistes de l’Armée de libération nationale (ALN). Premier général de corps d’armée de l’histoire de l’institution militaire algérienne, il a été un acteur central dans la vie politique.

Ne faisant pas mystère de son hostilité au fondamentalisme, qui a fini par accoucher du terrorisme, Mohamed Lamari fut l’un des membres du club des « janviéristes » – terme désignant les généraux qui ont décidé de l’interruption électorale, en 1992. Il est alors chargé de créer une Task Force antiterroriste de 15 000 hommes, dont il prend la tête. Ce commandement lui vaudra d’être nommé chef d’état-major en juillet 1993. Le général s’est une nouvelle fois distingué en soignant sa sortie. En août 2004, en désaccord avec le président Abdelaziz Bouteflika, il démissionne de son poste de chef d’état-major, autre première dans l’histoire de l’armée algérienne.

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