Sénégal : Wade fait machine arrière sur la réforme constitutionnelle

Dans le projet de loi constitutionnel en débat à l’Assemblée nationale ce jeudi, le président sénégalais Abdoulaye Wade a introduit un amendement qui revient sur l’une des mesures controversées de sa réforme. La possibilité que le président et son vice-président soient élus au premier tour avec seulement 25 % des voix est écartée.

Abdoulaye Wade est soupçonné par l’opposition de vouloir que son fils Karim lui succède. © AFP

Abdoulaye Wade est soupçonné par l’opposition de vouloir que son fils Karim lui succède. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 23 juin 2011 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 16h39.

C’est un recul sous la pression de la rue sénégalaise. Abdoulaye Wade renonce à la disposition la plus décriée de son projet de réforme constitutionnelle : le seuil de 25 % de voix au premier tour qui, en cas d’absence de majorité absolue, constituerait le « minimum bloquant » permettant à un candidat d’être élu sans deuxième tour.

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« Je voudrais informer votre auguste Assemblée que le président de la République m’a demandé d’introduire un certain nombre d’amendements qui portent sur les conditions d’éligibilté des tickets lors de l’élection présidentielle », a déclaré aux députés le ministre de la Justice Cheikh Tidiane Sy, peu après l’ouverture de la séance plénière à l’Assemblée sur le projet de loi, jeudi matin.

Maintien de l’article 33

« Parmi ces modifications du projet initial, un amendement porte essentiellement sur le maintien des dispositions actuelles de l’article 33 de notre Constitution. (…) Le gouvernement va de manière formelle présenter cet amendement », a poursuivi Cheikh Tidiane Sy.

En clair, il n’y aura pas de modification notable de l’article 33 qui stipule que «  nul n’est élu au premier tour s’il n’a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés, et si aucun candidat n’a obtenu la majorité requise », et qu’un second tour est alors organisé « selon des délais indiqués ». Mais le « ticket » formé par le candidat à la magistrature suprême et son vice-président, lequel serait élu au suffrage universel, est maintenu. Avec la possibilité pour le chef de l’Etat de changer de vice-président au cours de son mandat.

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L’opposition politique et associative, qui s’est déjà fortement mobilisée hier dans tout le pays, a appelé aujourd’hui à des manifestations contre le projet de loi. À Dakar, la police a tiré des balles en caoutchouc et fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. De nombreux militants du mouvement de jeunes « Y en a marre », dont deux célèbres rappeurs : Cyrille Touré « Thiatt » et Malal Tall « Fou malade », avaient déjà été arrêtés hier. L’opposition soupçonne le président de vouloir faire élire son fils Karim Wade pour qu’il lui succède à la tête de l’État.

Alioune Tine blessé

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Par ailleurs, Alioune Tine, le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et figure de la société civile sénégalaise a été blessé lors des manifestations, avant d’être admis dans un hôpital. Des informations sur son état de santé n’étaient pas disponibles immédiatement.

Alors qu’il était en route pour rejoindre les manifestants hostiles à la réforme rassemblés devant l’Assemblée nationale, Alioune Tine a été attaqué par un groupe d’inconnus. Ses agresseurs présumés seraient les hommes de main d’un responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir). Tine avait reçu ces derniers jours des menaces de mort à cause de son engagement contre le projet de réforme de Wade qu’il avait notamment qualifié de « coup d’État constitutionnel ». (avec AFP)

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