Tablette tactile : le Congo entre dans la danse avec « Way-C »

Vérone Mankou, un jeune Congolais de 25 ans, lance « Way-C », la première tablette tactile africaine. Bon marché, sa création parie aussi sur la production de contenus africains pour trouver son public sur le continent.

La Way-C tourne sous Android avec un microprocesseur de 1,2Ghz – autant que l’iPad. © VMK

La Way-C tourne sous Android avec un microprocesseur de 1,2Ghz – autant que l’iPad. © VMK

Julien_Clemencot

Publié le 22 septembre 2011 Lecture : 3 minutes.

À Shenzhen, ville de la province chinoise du Guangdong et capitale mondiale de l’électronique grand public, « son usine » est à deux pas de celle de Foxconn, l’assembleur des produits Apple. Pour Vérone Mankou, l’anecdote vaut de l’or quand il s’agit de défendre sa création : la première tablette tactile africaine, baptisée Way-C, dont il annonce la commercialisation pour le 17 octobre prochain.

« Personne ne dirait que l’Iphone est un téléphone chinois. C’est la même chose pour nous, l’intégralité du design et l’architecture ont été réalisés au Congo », explique-t-il. Tous les éléments de la tablette Way-C ont été dimensionnés pour répondre au mieux aux besoins et aux réalités du continent. À commencer par son prix : 150 000 F CFA (228 euros) alors qu’une tablette Samsung Galaxy première génération est vendu 400 000 F CFA à Brazzaville, sans parler de l’Ipad pour lequel il faut tout de même débourser 600 000 F CFA.

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Le tarif bon marché de la Way-C justifie quelques sacrifices, comme l’absence pour l’instant de carte SIM et un écran de 7 pouces, néanmoins acceptable pour le web. « Deux pouces de plus et la note aurait automatiquement grimpé de 80 dollars », explique Vérone Mankou. Equipé d’un microprocesseur de 1,2Ghz, loin d’être ridicule (c’est autant que l’iPad), la tablette utilise une version personnalisée du logiciel libre Androïd comme système d’exploitation, « toujours pour une question de coût », explique Mankou, qui promet une autonomie de 6 à 10 heures en fonction des usages.

Une dizaine de pays intéressés

En plus du Congo, où le grand public pourra notamment la trouver dans les boutiques « Buro Top », la Way-C pourrait être rapidement distribuée dans une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest et en Belgique. « Nous recevons des dizaines de sollicitations d’entrepreneurs qui souhaitent importer la tablette dans leur pays », s’enthousiasme Vérone Mankou. Des marchés où le prix serait susceptible d’augmenter en fonction des coûts logistiques et de la fiscalité, mais toujours en restant sous la barre psychologique des 200 000 F CFA.

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Autre piste étudiée pour la commercialisation de la Way-C, la possibilité de s’associer avec un opérateur de téléphonie ou un fournisseur d’accès Internet pour faire baisser le prix de vente. À noter que si la tablette peut accéder au web en wifi (connexion sans fil), elle a besoin d’un modem pour se connecter aux réseaux télécoms 2,5 ou 3G.

Reste que le succès de la première tablette africaine est encore loin d’être assuré, malgré les bons retours des premiers utilisateurs, dont l’équipe de jeuneafrique.com (photo ci-contre) et les ministres congolais des Postes et Télécommunications et du Développement industriel. Vérone Mankou doit encore trouver 183 000 euros pour payer la fabrication des mille premiers exemplaires.

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« C’est un peu long mais je suis confiant », assure-t-il. Financé sur fonds propres grâce à sa webagency VMK, le projet lui a déjà coûté 86 millions de F CFA depuis la phase de recherche et de développement débutée en 2009 jusqu’à la présentation des produits finis lors de l’Africa Web Summit qui s’est tenu à Brazzaville du 17 au 18 septembre. « Cela a été très dur. Ma société a frôlé la faillite à trois reprises et j’ai dû prendre des mesures d’austérité bien avant la Grèce », plaisante le jeune patron de 25 ans, qui compte atteindre les 10 000 ventes.

Label africain

Pour réaliser cet objectif, Vérone Mankou veut renforcer le caractère africain de son produit en misant sur le développement d’applications locales. Dès la semaine prochaine, il lancera sur son site un appel adressé aux programmeurs du continent et a déjà prévu la création d’une plateforme pour diffuser leurs créations, « parce qu’un contenu donnant par exemple les horaires des pharmacies de Pointe Noire ne trouvera pas sa place sur l’Android market (boutique en ligne de logiciels gérée par Android), mais intéresse nos clients », précise-t-il.

Des consommateurs africains qui lui ont déjà inspiré son prochain défi : proposer un smartphone à moins de 100 000 F CFA, du jamais vu au Congo. « En créant une tablette, nous avons prouvé que nous avions le savoir-faire. Il suffit d’ajouter un microphone, un processeur permettant de passer des appels et le tour est joué ». D’ailleurs, la date de sortie de son prochain produit est déjà arrêtée. Ce sera en mars prochain.

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La tablette Way-C en chiffres :

Processeur de 1,2Ghz

Mémoire : RAM de 512 Mo

Espace disque : Disque dur de 7go

Écran 7 pouces capacitif multitouche (supporte jusqu’à 5 doigts) d’une résolution de 800×480 pixels

Batterie : 10h d’autonomie en musique

Épaisseur : 1,25cm

Système d’exploitation : Android 2.3.3

Fourni avec un emplacement de carte mémoire microSD

Supporte le Flash, les vidéos en HD et les jeux 3D

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