Législatives françaises : Razzy Hammadi, la jeune pousse qui veut prendre racine

C’est l’une des figures socialistes de la « diversité ». Né d’un père algérien et d’une mère tunisienne, un temps pressenti au ministère la Ville, Razzy Hammadi pourrait gagner le siège de député de la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis lors des législatives des 10 et 17 juin. Ce serait un premier succès électoral pour ce proche de Martine Aubry, spécialiste des quartiers populaires, après plusieurs tentatives ratées. Portrait.

Razzy Hamadi a été un temps pressenti comme ministre de la Ville dans le gouvernement Ayrault. © AFP

Razzy Hamadi a été un temps pressenti comme ministre de la Ville dans le gouvernement Ayrault. © AFP

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Publié le 30 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

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Législatives françaises : 2012, l’année de la diversité ?

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Razzy Hammadi est un pur produit du Parti socialiste (PS). Militant depuis 1998, président du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) de décembre 2003 à novembre 2007, secrétaire national du parti dédié au service public depuis novembre 2008, il s’est forgé la réputation d’un excellent débatteur. Il est aujourd’hui investi candidat dans la 7e circonscription de Seine-Saint Denis, ancrée à gauche et l’une des rares « gagnables » par un candidat issu de la diversité. Enfin un ancrage territorial pour ce jeune homme de 33 ans qui n’a encore jamais reçu l’onction du suffrage universel ?

Marqué par l’extrême-droite

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Le parcours politique de Razzy Hamadi débute à Toulon, sa ville natale, un soir de 1995, quand la mairie bascule dans le giron du Front national. Il n’a alors que seize ans, mais est depuis peu chef de famille, après le décès de son père, un immigré algérien. Une situation difficile qui oblige sa mère, elle même tunisienne, à prendre un poste de femme de ménage tandis que lui travaille le soir, après les cours, au MacDonald. Ou tôt le matin, sur les marchés. Pas vraiment le contexte rêvé pour faire ses études, mais il réussit à valider un troisième cycle universitaire et un mémoire d’économie sur la protection sociale en Europe.

Le MJS sera le théâtre de ses premiers succès politiques. Entré en 2001 au Bureau national, il devient, le 1er décembre 2005, président du mouvement. Il fait ses preuves en menant la contestation contre le Contrat Première Embauche (CPE) de Jacques Chirac, et en mettant en difficulté le gouvernement de ce dernier, dirigé par Dominique de Villepin. Une performance qui lui permet de gravir rapidement les échelons. François Hollande, qui dirige alors le parti, le nomme en 2008 secrétaire national du PS au service public, poste qu’il occupe encore aujourd’hui.

Jeune loup parachuté

Mais la jeune pousse peine à s’enraciner. L’image du jeune loup parachuté par la direction du PS va rapidement lui coller à la peau. Candidat aux municipales à Orly en 2008, sa liste est d’abord invalidée par la commission administrative électorale pour manque manifeste d’attachement à la commune. Finalement rentré dans la course, Razzy Hammadi ne parvient qu’à prendre la quatrième place, avec 13% des voix, et choisit de se retirer du second tour. Un premier échec.

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Un an plus tard, c’est dans le Var qu’il tente un retour aux urnes. Pressenti pour prendre la place du maire de la Seyne-sur-Mer, Marc Vuillemot – un poids lourd socialiste local -, il sera finalement rejeté après avoir provoqué l’ire de la section varoise du PS. Il se retrouve alors parachuté dans le Calvados. Avec la même réussite puisqu’il finit par se retirer, une nouvelle fois sous la pression des barons locaux.

Guerre fratricide

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Les législatives 2012 risquent également de ne pas être une partie de plaisir pour ce protégé de Martine Aubry et de Benoît Hamon, encore imposé par le parti, cette fois au détriment d’un autre candidat de la diversité, Belkacem Mahdi, militant local et responsable CGT. Avec une possible guerre « fratricide » à gauche en perspective, puisque l’adversaire numéro un de Razzy Hammadi, le sortant Jean-Pierre Brard, est membre du Front de Gauche. Député depuis 1988, ce dernier espère conserver son siège en s’appuyant sur le bon score de Jean-Luc Mélenchon dans sa circonscription lors de la dernière présidentielle (24%).

Même si Hammadi a reçu le soutien de Dominique Voynet, maire écologiste de Montreuil et adversaire historique de Jean-Pierre Brard, à qui elle a ravi sa mairie en 2008, la partie s’annonce serrée entre Hammadi et Brard. Ce qui, en cas de désaccord persistant et de triangulaire au second tour, pourrait bien profiter à l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le parti de Nicolas Sarkozy.
 

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