Tunisie : pour Béji Caïd Essebsi, la troïka au pouvoir « a échoué »

Béji Caïd Essebsi, fondateur du parti d’opposition Nidaa Tounès, considère que le gouvernement tunisien, mené par Ennahdha, entraîne le pays « vers l’abîme ». Et qu’il ne sera plus légitime après le 23 octobre, un an après les élections à la Constituante.

Le fondateur de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, ici le 18 juin 2009 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

Le fondateur de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, ici le 18 juin 2009 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 20 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Pour l’ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi, la coupe est pleine. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Tunis, jeudi 20 septembre, le fondateur du parti d’opposition Nidaa Tounès (l’Appel de la Tunisie) a violemment fustigé les ambiguités et les contradictions de la coalition au pouvoir, composée des islamistes d’Ennahdha et de deux partis de centre gauche, Ettakatol et le Congrès pour la république (CPR).

« Les violences anti-américaines que la Tunisie a connues sont le résultat de la politique de tolérance envers des groupes prônant la violence », a-t-il déclaré. « Si ce gouvernement devait poursuivre cette politique, il nous conduira vers l’abîme. (…) Il a échoué et n’est plus en mesure de diriger le pays, c’en est fini de la troïka ».

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Béji Caïd Essebsi faisait référence aux violentes manifestations salafistes contre l’ambassade américaine, qui ont fait quatre morts et des dizaines ont été blessés, le 14 septembre, dans le cadre des protestations contre la diffusion d’un film islamophobe réalisé aux États-unis, « Innocence of Muslims ».

Conséquences économiques

Un long-métrage présentant les musulmans et le Prophète comme des êtres violents et déviants, qui visait à discréditer le président Barak Obama en pleine campagne électorale, affirme l’ancien Premier ministre. Qui ajoute que, de son côté, Ennahda possède une idéologie parente de celle des salafistes et cherche à bouleverser le modèle social des Tunisiens, « le peuple arabe le plus ouvert sur l’Occident ».

Mais le résultat de la tolérance manifeste des autorités face aux radicaux – illustrée encore par l’impunité régnant autour du cas Abou Iyhab – a aussi des conséquences dramatiques pour l’économie tunisienne, poursuit Béji Caïd Essebsi.

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« L’attaque de l’ambassade américaine à Tunis a écorné l’image de la Tunisie et aura des conséquences négatives pour le tourisme et l’investissement », a-t-il expliqué, indiquant qu’un financement de 20 milliards de dollars promis par le G8 n’avait pas été réalisé à cause de l’insécurité dans le pays.

Béji Caïd Essebsi, 85 ans, écarte enfin toute participation de son parti à un gouvernement élargi. Et affirme que le 23 octobre prochain marquerait la fin de la légitimité du gouvernement issu des élections d’octobre 2011. Celui-ci n’est en poste pour un an. En théorie.

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(Avec AFP)

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