Moyen-Orient : l’humour débridé de Wonho Chung

Né à Djeddah de parents asiatiques, Wonho Chung manie mieux la langue du Coran que celle de Corée. Le succès de ses one-man-shows en a fait une vedette régionale dans le monde arabe.

Depuis 5 ans, l’humoriste Wonho Chung fait un tabac dans tous les pays arabes où il se produit. © D.R.

Depuis 5 ans, l’humoriste Wonho Chung fait un tabac dans tous les pays arabes où il se produit. © D.R.

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 7 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

En 2007, ses premières apparitions lors de la tournée moyen-orientale du spectacle L’Axe du Mal Comedy Tour ont fait l’effet d’une bombe. Jean, baskets, les cheveux gominés façon hérisson, l’Asiatique semblait tout juste débarqué de Hongdae, le quartier branché de Séoul. « Mesa el-kheir Dubaï ! » (« bonsoir Dubaï ! ») a-t-il alors lancé dans un arabe parfait à la salle médusée. Ben Laden parlant l’hébreu aurait moins détonné.

Wonho Chung, « la meilleure importation coréenne au Moyen-Orient », comme le surnomment les médias, est né à Djeddah en 1981 d’un père physiothérapeute sud-coréen et d’une mère vietnamienne. Depuis cinq ans, il casse la baraque de Dubaï à Beyrouth avec des one-man-shows aussi comiques qu’insolites. L’humoriste manie mieux la langue du Coran que celle de Corée et joue du contraste entre son arabité acquise et ses origines lointaines. « Vous pensez sans doute être devant un feuilleton mal doublé ! » plaisante-t-il, mimant le décalage entre le son et l’image. Au Moyen-Orient, les employés de maison philippins sont nombreux, et Wonho s’esclaffe à raconter les quiproquos quotidiens dont sa famille et lui font l’objet. Il raconte : « Un employé du câble a un jour sonné à la porte de la maison. Ma mère a ouvert. "Pourrais-je voir madame ?" a demandé le colporteur, pensant avoir affaire à une domestique. "Mais JE SUIS madame !" lui a répondu ma mère, exaspérée ! »

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Hasard

S’il est diplômé de l’université des sciences appliquées d’Amman, la capitale jordanienne, où il a grandi, il a plutôt le spectacle que l’algèbre dans le sang. À quatre ans, il s’entraînait devant la télé à répéter jusqu’à la perfection les chansons de l’Eurovision. La musique était sa vocation et c’est le hasard qui l’a poussé sur les planches, tout d’abord dans L’Axe du Mal Comedy Tour. Un producteur du spectacle, dont le titre fait référence à l’expression employée par George W. Bush pour désigner l’Iran, l’Irak et la Corée du Nord, cherchait désespérément un Nord-Coréen, quand il est tombé sur Wonho faisant le mariole dans un magasin de chaussures de sport.

Le plaisantin a immédiatement été embauché et n’a pas tardé à devenir la coqueluche des journalistes, interviewé notamment par CNN et Al-Arabiya. Un succès qui l’a amené sur les plateaux de télévision. Dans son magazine hebdomadaire de divertissement, il reçoit des stars comme Shaggy et James Blunt, Juliette Binoche et Roberto Cavalli. Il est aussi revenu à sa passion première, la musique, et une de ses chansons, Laylitna, est devenue un tube régional. Mais l’amuseur continue d’amuser et remonte régulièrement sur les planches. « Il y a eu un grand débat pour savoir quel pays avait l’Arabe le plus drôle, mais maintenant nous savons que c’est la Corée ! » explique un animateur qui devait le présenter. 

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